Avant même la fin de l’année critique de 2018, le Maroc et
les Marocains semblent avoir tourné la page. A l’approche de 2019, le boycott
semble avoir disparu, volatilisé tout subitement comme il a commencé. Cette
disparition, cet arrêt du boycott semble à première vue inexplicable. Car même
aux cafés, on ne sert plus du café avec de l’eau minérale provenant de la rive
du Nord, tel que « Cazorla » et « Mondariz », ni des
concurrents nationaux, tels que « Ain Ifrane » ou « Ain
Soltane », mais bien une bouteille de « Sidi Ali ».
Les consommateurs ne se plaignent plus, n’échangent plus à
propos de ce sujet sur les réseaux sociaux. Quelque chose a dû arrêté tout
cela. En réalité, la disparition du boycott tient à plusieurs facteurs.
D’abord, et contrairement à leur réaction de départ, deux entreprises sur trois
ont reconnu publiquement leur défaite. Elles ont même détaillé l’ampleur des
pertes consécutives au boycott. Quant à la troisième entreprise, elle a choisi non pas
la presse, mais le contact direct et indirect avec les consommateurs les plus
mécontents, à savoir les jeunes.
Afriquia Gaz a amélioré la qualité de ses services en
essayant d’être plus à l’écoute de ses clients. Elle A également affiché les
tarifs les plus bas des carburants par rapport à ses concurrents. Dans les
espaces Afriquia, les animations pour enfants font désormais partie du décor
quotidien des aires de services sur le réseau des autoroutes du Maroc. Bien
plus, au niveau médiatique, elle est présente à travers un spot publicitaire
original diffusé avant et après les matchs de foot-ball.
Autant dire que les efforts pour se rattraper ont été
nombreuses et variées. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour expliquer
cet arrêt immédiat du boycott vers fin novembre 2018. Nous avons beau cherché
un événement qui coïncide avec cette date et qui peut nous fournir cette
explication dont nous avons besoin. Nous n’avons trouvé qu’un seul événement de
nature politico-économique d’une grande pertinence par rapport au boycott. Il
s’agit de la réactivation du Conseil de la Concurrence.
Cette instance constitutionnelle, restée inactive depuis 2013
jusqu’à novembre 2018, bien que son nouveau statut adopté depuis 2014 lui
confère des attributions plus élargies en matière de régulation des marchés et
de la protection du consommateur, en vertu même de loi 104.12 relative à la
liberté des prix et de concurrence adoptée la même année (2014), a enfin été
réactivée après la nomination par SM le Roi de son Président et de son
Secrétaire général le 17 novembre 2018.
Nous pensons que cet événement est de taille à donner aux
Marocains de l’espoir qu’à l’avenir leurs droits à une vie décente et moins
chère ne seront plus bafoués. Car ce Conseil dispose désormais d’un pouvoir
décisionnel et peut même infliger des
sanctions pécuniaires à l’encontre des entreprises qui prennent le consommateur
en otage.
Le marché dispose désormais d’un « arbitre
constitutionnel » qui peut intervenir au cas où mêmes les petites
entreprises se trouvent menacées par des pratiques anticoncurrentielles qu’elles
soient commises par des entreprises marocaines ou étrangères plus grandes. Il peut sortir
ses cartons jaunes et rouges face à toute contravention puisque les sanctions qu'il est à même d'infliger aux contrevenants peuvent atteindre 10% du chiffre d’affaires mondial ou national de l’entreprise
concernée.
Beaucoup d’ennemis du Maroc et mêmes certains de ses
soi-disant amis disent que tant que notre Roi est un homme d’affaires, il y
aura toujours un conflit d’intérêt. Je crois que c’est au contraire une chance
que notre souverain soit un entrepreneur si éclairé et qu’il a pu orienter le
gouvernement à adopter et à mettre en œuvre des lois qui peuvent protéger le
consommateur et inciter les entreprises à s’engager sur la voie d’un Maroc plus
moderne et plus prospère en assumant leurs responsabilités, y compris la
responsabilité sociétale.
Publié à l'occasion de la fête du trône 2019.
Publié à l'occasion de la fête du trône 2019.
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