mardi 27 août 2019

La profession de mari (Acte III)

Être mari est pour lui un aboutissement. Il est devenu un homme à part entière. Il est comblé d'être enfin marié. Il devient vite un personnage d'un autre bord, impitoyable et arrogant. Il est maintenant chef de sa propre entreprise. Il a sa propre "servante". Elle devra désormais s'occuper de lui, de son linge, de le nourrir et de le chérir jusqu'à ce que "la mort les sépare". Elle est enfin là à la portée, pour toujours, tous les jours...Elle est là celle qu'il chérissait tant. Elle est finalement devenue sienne. C'est un trophée qu'il ne tardera pas à s'en ennuyer. Il oublie tous les efforts qu'il a déployé pour la conquérir...il oublie tout...tous les mots qu'il peinait à trouver pour qu'elle soit contente de lui...Il oublie toute la souffrance qu'il endurait quand elle était mécontente. Elle était là, conquise, enfin dans la cage...Et lui, il était là régnant en chef suprême faute de l'être ailleurs. Ses compagnons lui racontent qu'il faut qu'il soit moins tendre, sinon plus cruel avec "Madame". Il ne faut pas se laisser faire, il faut prendre le dessus et qu'il est impératif que "le chat soit tué dès le premier jour". 
Il faut être injuste envers sa partenaire. C'est important, disent-ils. Lui, qui vient de se marier, ne veut pas être de ce peuple que la "Houkouma" gouverne. Il s'emploie à faire autant de mal à cette femme qu'il chérissait sous prétexte que c'est le meilleur moyen de dompter une lionne fraîchement capturée. Une lionne ne mérite pas qu'il lui dise de belles paroles, mais de hisser son fouet ça et là en la menaçant...A défaut de fouet, il parle, comme le faisait son père, de l'éventuel usage de sa ceinture comme arme contre celle que jadis il aimait tendrement. C'est par amour, explique-t-il, qu'il prévoit de frapper cet être bien plus fragile  pour supporter d'être grondé. Il ne fait qu'obéir aux préceptes de l'Islam, dit-il, pour justifier sa cruauté. Résignée, la femme encaisse, subit et parfois se montre fière qu'elle soit battue parce que c'est ainsi qu'agissent les maîtres envers leurs esclaves...
À suivre...

La profession de mari (suite)

Il y a de cela une vingtaine d'années, un professeur s'est présenté à ses étudiants en disant : "Je m'appelle (ses nom et prénom) et je suis très marié".
Un éclat de rire de quelque centaine d'étudiants a rempli la salle de classe.
Très marié, a-t-il dit. C'est comme s'il était possible d'être marié, mais à un degré moindre. Mais, après mûre réflexion, il avait raison de se dire très marié car, après tout, beaucoup d'hommes sont moins mariés. Ils ont gardé toute la splendeur et toutes les habitudes d'un pur célibataire. Rien n'a changé après leur mariage, ni leur train de vie, ni leurs penchants de personnages vivant individuellement et au gré du moment.
Le statut de mari, si facile à obtenir, n'était rien d'autre qu'une appellation dépourvue de sens. Ce sont des individus libérés de tout le poids des responsabilités d'un mari, d'un chef de famille, d'un père. Ils traitent leurs femmes comme s'il s'agissait de l'une de celles qui vendent leurs corps pour des sous quel qu'en soit le nombre.
Celles qu'ils laissent au "foyer" ne remplissent qu'une fonction:  un objet sexuel, un produit charnel que l'on consomme sans ménagement et envers qui aucune contrepartie n'est prévue. Au moins les "p...s" reçoivent de l'argent. Pour celles-ci il s'agit d'une activité génératrice de revenus, contrairement aux  femmes contraintes de se plier aux désirs de leurs "maris" sans rien attendre en retour.
C'est honteux qu'elles demandent, mais c'est encore plus honteux pour ceux qui les tiennent en laisse d'agir ainsi...
À suivre...