Je n'ai pas à me plaindre. Ne suis-je pas comblé? N'avais-je pas réalisé l'irréalisable? N'avais-je pas vaincu mes pires ennemis : les supérieurs? Ne suis-je pas celui qui a défié leur autorité juste parce qu'ils ont défié mon intelligence? Ne les avais-je pas farouchement châtié pour avoir osé penser à empoisonner mon existence?
Dans notre lutte de chat et de la souris, je suis sorti gagnant. Bien qu'acérées grâce à des pouvoirs très étendus, leurs griffes n'ont pu atteindre leur cible : un maillon faible de la chaîne. Jerry est sorti vainqueur comme toujours. C'est ça le pouvoir de la fiction, réaliser ce qui ne peut l'être, faire de l'impossible une réalité, une vérité à laquelle on s'habitue. Jamais Tom n'a eu raison de Jerry. Pourtant il y était toujours presque. La victoire des faibles sur les plus forts est une idée qui plaît au monde entier. C'est une manière de rendre «fictivement» justice pour toutes les injustices subies par les mortels.
Jerry est vainqueur. Le minuscule Jerry se moque du grand Tom. C'est une réalité fictive sur le petit écran, mais réelle dans mon cas au grand bonheur de l'humanité ou, du moins, des communautés et des personnes persécutées. Car celles-ci applaudiraient toujours le Brésil ou la Croatie à la coupe du monde de foot au lieu de supporter les favoris.
On aime voir gagner Jerry. Mais on ne l'encouragerait pas à se lancer dans la lutte. On est comme ça, toujours coincé entre le vouloir et le devoir, entre le rêve et la réalité, entre le meilleur et le pire. Prendre le risque ou pas? Qui ne risque rien n'a rien. La gloire appartient aux aventuriers, les vrais.
Faites attention! Ma lutte n'était pas contre une entité étrangère, mais bel et bien contre le système national même auquel j'appartiens. Une appartenance trompeuse. C'est comme le transport en commun, on peut être éjecté à tout moment, expulsé à l'extérieur qu'on soit déjà arrivé à destination ou encore en cours de route. C'est navrant, mais c'est ainsi. C'est injuste, mais c'est ainsi. C'est trop, mais c'est comme ça. Je n'ai jamais aimé la fatalité, ni la lutte, mais je suis toujours prêt à affronter l'ennemi...qu'il soit d'ici ou d'ailleurs, qu'il ait l'allure d'une bête féroce ou d'une créature moins imposante, sans doute plus maligne. Une chose est sûre, si j'étais Tom, je ne me mettrais jamais au travers de la route de Jerry...
Fait à Safi le 2 octobre 2018
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