vendredi 5 octobre 2018

AGOUJGAL, C'est qui??

Se définir est bien souvent une entreprise aussi difficile que délicate. Le fait de se présenter ou de parler tout simplement de soi n'est pas aussi aisé qu'on pense. Rien qu'en prononçant son nom et son prénom, c'est comme si toute l'histoire personnelle est révélée, on a immédiatement la sensation de gorge clouée, une sorte d'étouffement qui paralyse la voix et perturbe l'élocution.
Se définir par écrit est sans doute bien plus compliqué. Il s'agit de raccourcir une vie de plus de 40 ans sans dépasser 40 lignes. C'est un article et non une autobiographie. De toute façon, je ne dois pas commencer par me plaindre de la difficulté de ce projet car la difficulté elle-même me définit selon mes proches.
De toute ma vie d'écolier, je n'ai jamais porté de surnom contrairement à la majorité de mes camarades de classe. Seuls mes grands frères ont réussi à me coller ce surnom : «le DIFFICILE». En vérité, c'est en reprenant ce qualificatif que j'utilisais pour me définir que j'ai eu enfin un surnom à l'âge de 16 ans!
Psy et pseudos psy, abstenez-vous de vous lancer dans une analyse d'une personnalité difficile à contourner. Car bien que l'arrogance semble sans équivoque, beaucoup qui me connaissent se disent étonnés de mon extrême humilité.
Parler de difficulté de se définir et de se présenter est déjà un indice de modestie puisque je suis enseignant universitaire spécialisé en communication interpersonnelle. J'ai appris à quelques 20 milles étudiants la manière la plus efficace de se présenter devant un public durant les 15 années de ma carrière à l'université.
A l'oral, j'étais franchement moins doué qu'à l'écrit. D'ailleurs, j'ai écrit mon premier poème à l'âge de 10 ans. Il a eu un succès dont j'étais sûr auprès de lecteurs bien plus âgés et bien plus instruits à l'époque. Mon engouement pour l'écriture en français, en arabe et même en anglais n'avait pas de limite. Mais, j'ai abandonné presque totalement cette vieille habitude à un moment de ma vie où écrire ne voulait absolument rien dire. C'était au début des années 2000. Rien n'allait plus bien que je vienne de décrocher l'emploi de mes rêves.
Cependant, je n'ai pas cessé d'écrire. J'ai seulement «monétisé» mes écrits à travers mes travaux de traduction. Lauréat d'une GRANDE ECOLE de traduction au début du millénaire, j'en ai fait un métier. Au bout d'une dizaine d'années d'expériences en traduction, je suis devenu l'un des rares traducteurs indépendants du marché. C'est un métier bien plus lucratif que l'enseignement et de loin plus instructif, mais bien moins passionnant que ma vocation première.... à suivre (le 1er septembre 2018)
AGOUJGAL, C'est qui (suite)
C'est moi, encore moi, toujours moi, égocentrique et narcissique jusqu'au plus profond de moi. Au fait, être narcissique, selon moi, n'a rien de pathologique à l'heure même où certaines pathologies et déviances avérées tombent de la liste des maladies  qui rongent non seulement les individus, mais l'humanité tout entière. Être fier de soi n'a rien d'anormal. Ne le concédez-vous pas?
Une fierté que rien, absolument rien n'altère. Une arrogance, dites-vous? Dites-vous bien qu'elle est pleinement méritée. De nos jours, ce narcissisme est révélé au grand jour. Les réseaux sociaux font que chacun se mette en avant d'une scène. Le spectacle est drôle! Tellement drôle qu'il déplaît. C'est un paradoxe! Oui c'est vrai. Les moins nantis, comme les plus lotis, s'adonnent volontiers à ce jeu de s'exprimer, de copier, de coller et de transférer tout: les choses sensées comme celles sans aucun sens. D'autres aiment ou réagissent, si ce n'est par les mots, au moins, par des émoticônes, plus expressifs pour certains, ou tout simplement requérant moins d'effort!
Je trouve génial que même les analphabètes de tout âge peuvent utiliser les réseaux sociaux. Ces informaticiens sont d'une GRANDE INTELLIGENCE. Ils sont parvenus à démocratiser très rapidement les nouvelles technologies.
Mais, c'est une chimère. C'est un leurre! On en aura la possibilité de discuter plus tard. Revenons maintenant à moi. J'ai toujours un mot à dire sur presque chaque sujet. Après tout suis-je moins instruit que toute la horde qui déballe tout et n'importe quoi sur le web?
Je trouve malheureux que des personnes qui ont leur mot à dire, disparaissent sans l'avoir fait. Soit parce qu'ils ont eu en horreur les réseaux sociaux, ou parcequ'ils se sont sentis dépassés ou tout simplement parce qu'ils ont refusé de se mêler à la racaille.
Horde, racaille, ce sont leurs mots. Je n'ai fait que traduire fidèlement leurs idées et viendra un jour où je dévoilerais le bien fondé de leurs pensées.
J'ai toujours un mot à dire, et surtout à écrire. Il y a maintenant des années que j'ai écrit une thèse et reçu un doctorat en sciences de l'éducation, au moment même où celle-ci traversait, et traverse encore, une vraie crise non seulement chez nous, au Maroc, mais partout dans le monde. Système éducatif en crise, institution de la famille en crise, finances en crise. Un cataclysme s'abat sur le monde. La révolution technologique est pointée du doigt comme la source des maux dont pâtissent les individus, la société, l'humanité...
Le monde est fou! En réalité, on est tous devenus fous. On rapporte souvent dans la rubrique de la dernière page de l'Économiste, intitulée «Un monde fou», des faits insolites. C'est une sorte de touche humoristique qui vient apaiser les esprits tourmentés d'avoir lu un ensemble d'informations déplaisantes tout au long des pages du journal en question. Au moins, on sourit en les lisant. Et parfois on a envie de dire :«Encore!», car on a déjà vu la même information sur Facebook ou WhatsApp. Ce sont ces infos futiles et inutiles que l'on partage souvent, bien trop souvent à tel point que des personnes sérieuses qui partagent ce qui mérite d'être partagé, vous demandent de transférer leurs messages importants aux autres. Car on ne transfère que ce qui est amusant, drôle et insolite.
C'est révoltant! Par manque de bon sens, de tact ou franchement parce qu'ils sont mal élevés, certains vous menacent d'aller en enfer ou d'être frappé par tous les maux du monde si vous ne partagez pas certaines prières ou des messages religieux dépourvus de sens.
C'est pour faire face à ceux-ci et à toute cette folie que j'ai décidé d'écrire. Écrire pour dénoncer ces pratiques et l'usage qu'on fait du web. Critiquer est un autre aspect me définissant bien qu'il m'ait valu l'animosité de certains et l'incompréhension d'autres. Ma franchise et mon opposition à certaines futilités, contradictions ou incoherences étaient à l'origine de problèmes aussi nombreux que complexes. Pour autant, je poursuis ma mission, je continue à décrier toute chose insensée. Seule différence, cette fois c'est par des écrits destinés à tous que cela vous plaise ou non cher lecteur...

(Safi, le 2 septembre 2018).








La supériorité, une illusion...

Les supérieurs n'existent qu'en rapport aux subordonnés. D'ailleurs, selon Alfred Adler, la supériorité n'est qu'un mécanisme de défense cachant un sentiment d'infériorité. Et l'infériorité n'a pas lieu d'être en dehors d'une supériorité supposée ou vraiment palpable! C'est une aventure que de se sentir au dessus des autres. C'est une expérience éprouvante pour ceux qui sont au dessous. Or, en réalité, la lèvre inférieure n'a rien à envier à la lèvre supérieure.
Les supérieurs n'existent pas. Ils gouvernent. Ils ont l'illusion d'un pouvoir, réellement inexistant. Ils le savent inexistant. Ce sont leurs subordonnés, ceux qui le sont et qui s'en délectent, qui créent cette illusion. Ceux-ci sont ils des esclaves nés? Hegel a la réponse.
Un supérieur n'existe que dans la mesure du possible. C'est un être bien frustré qui a reçu, dans son enfance et même à l'âge adulte, 150 gifles au moins. C'est une personne tourmentée. C'est un individu dérangé, une poule qui se veut un aigle, un chiot qui se veut un tigre. Voilà comment je considère certains responsables qui, ils le croient aussi, ne sont responsables de rien. Ils sont juste là au dessus et aux dépens des autres.

Pouvoir ne rime pas avec responsabilité. Être au pouvoir, signifie, pour eux, de ne servir personne. Mais, plutôt de s'opposer à tous les désirs d'autrui. De faire en sorte que cette personne pense que le responsable est Dieu sur terre et qu'il faudrait l'adorer au même titre que Dieu pour qu'ils soient satisfaits.
Ces supérieurs qui ne croient pas en Dieu sont confrontés à ceux qui en croient moins, ainsi qu'aux vrais croyants. Ils sont victimes de leurs croyances et se disent souvent préoccupés du sort de leurs subordonnés au cas où un nouveau supérieur les remplace. Ils sont ainsi les supérieurs: ils ne conservent jamais leurs postes. Ils sont soit promus, soit détrônés.
Jamais! Disent-ils. Ils refuseront la reddition des comptes. Car pour eux, un responsable est un être surnaturel, non éligible pour des fouilles aux aéroports et encore moins au sein même de l'administration où ils exercent. Ils sont supérieurs, se disent-ils. Ils sont au dessus de tout soupçon.
Être nommé chef, ou l'être par accident, impliquerait des responsabilités. Ce n'est pas ce qu'ils ressentent. Pour eux, être chef, c'est être servi par les autres à l'exception de ses supérieurs.
Il existe bien sûr des personnes que l'on voudrait tous placer à un rang supérieur, mais qui refusent ou qui acceptent sans jouer le jeu, sans pour autant se faire entendre comme chef. Ceux-là savent, ou pas, qu'Adler les avait bien dépeint dans «La compréhension de la nature humaine».
Fait à Safi au début du mois de septembre 2018

De la médiocrité, encore et toujours

C'est l'un des sujets qui me tracassent. C'est vraiment un casse-tête de répondre à une question qui taraude les esprits illuminés : le bon et le moins bon sont-ils pareils? La réponse est pourtant simple. Elle saute aux yeux. Mais, ne voyez-vous pas que les moins bons sont au bon endroit et au bon moment, au devant de la scène et même fiers de leur nullité? C'est le monde à l'envers!
Ça suscite toutes les colères, au moins chez les bons qui se trouvent souvent coincés, victimes de leur singularité et de leur caractère hors du commun, pleins de bon sens dans un monde insensé. Ceux-là sont poussés au loin, leur pureté est répugnante, ou du moins inconvenante, dans un monde qui fait de la médiocrité et des médiocres des stars!! Les vraies étoiles accrochées au ciel ne s'eclipsent-elles pas sous l'effet de simples lampadaires de l'éclairage public?
C'est une calamité! Une fatalité! Un produit humain fait disparaître les oeuvres divines les plus illustres, les plus brillantes, les plus remarquables. C'est l'Homme aussi qui fit de Messi un personnage plus célèbre que le Messie. La médiocrité est partout. Elle a droit de cité, elle est là bafouant les droits des méritants. C'est l'Homme médiocre qui a besoin de plus de médiocres à côté de lui, et dans son champ de vision, pour être rassuré. C'est lui qui écarte les plus brillants des esprits pour que l'obscurité soit. Une obscurité que l'on qualifie pourtant de lumière! C'est lui aussi qui a élu certains de ses représentants, des nuls à son image. Des attardés comme lui, mais qui gèrent toutes les affaires, celles des nuls et des moins nuls. 
Les moins bons d'abord. Vous, qui êtes plutôt brillant, attendez, patientez, ne protestez pas, restez sage svp! Votre tour viendra un jour ou ne viendra jamais. Il faudra servir d'abord les médiocres, nos semblables, plus féroces et prêts à tout, y compris les conneries les plus connes du monde pour se voir servis en premier. Quant à vous, vous êtes d'une grande intélligence, vous êtes prié, voire sommé de ne pas lever le petit doigt. Vous pouvez même être accusé d'être intelligent ou moins médiocre qu'il n'en faut. Donc «bouclez-là!».
Silence, on tourne un film médiocre sur un sujet d'une médiocrité révoltante, avec la participation d'acteurs aussi médiocres que la majorité de ceux qui le regarderont et diront en le pensant: «Quel beau film!», «ça déchiiiire!...». Oui c'est une déchirure, une plaie béante en plein coeur d'une société malade. On aurait aimé qu'il s'agisse d'une fiction. Or, c'est de la réalité qu'il est question ici.
N'y avait il pas en Amérique un personnage plus doué, plus charismatique, plus intéressant, plus utile que Trump pour occuper le bureau ovale? N'avions-nous que des choix aussi médiocres les uns que les autres? Il y a moins d'un mois, un personnage que je considérais moins médiocre que le reste, vous serez d'accord, a pris sa décision de s'éloigner de la scène politique française. Certains esprits illuminés ont déjà compris que je veux parler de Nicolas Hulot. Oui, c'est bien de lui qu'il s'agit. Il a quitté subitement le gouvernement Macron après une dizaine de mois. Celui-là, me semble-t-il, est un bon qui a refusé le jeu des moins bons. Pourtant, on ne cesse de dire ici et là que sa démission était fracassante, inattendue, voire inappropriée. Ce sont les médiocres qui le disent et le répèteront...
Chez nous, beaucoup ont défendu, et continuent de défendre, Benkirane, Chabat et autres personnalités politiques qui occupèrent de très hautes fonctions tout en étant bien moins bons que la moyenne. Autant dire que les bourreaux peuvent avoir la sympathie de leurs victimes, ou tout simplement que les victimes présumées sont vraiment moins douées pour juger ou savoir ce qui est vraiment bon et ce qui est franchement mauvais.
Faire la part des choses n'est pas aisé quand il n'y a  plus aucun critère ou lorsque ces critères sont établis par ceux qui ne parviennent même pas à dire la différence entre ce qui est blanc et ce qui ne l'est pas. Et ça, c'est très révoltant! Si vous n'êtes pas d'accord, c'est que vous êtes moins bon maintenant ou que vous l'êtes devenu par contagion.
 Fait à Safi le 16 septembre 2018


Monologue musclé

Il y a peu, j'étais cloué au lit. Une fatigue insurmontable doublée de troubles intestinaux, de crampes et une fièvre infernale eurent raison de ma volonté de me lever et d'affronter les défis quotidiens. C'était un message clair du corps : «laisse-moi tranquille, j'en ai assez d'être malmené dans ta vie aussi bouillonnante qu'imprėvisible, aussi mouvementée que stagnante, aussi limpide que trouble, aussi pacifique que sanglante». Une alerte, oui. Halte! Enfin, mon moi-même me parle! Car lui et moi, on a cessé de nous parler depuis des lustres. On avait décidé un jour, après une série de mésententes, d'observer la loi du silence. Rien ne pèse tant sur ma conscience pour qu'IL continue de me mener la vie dure.
Je ne fais de mal à personne, me semble-t-il. Je n'ai pas de compte à rendre ni à LUI, ni à quiconque. C'est une belle et triste vérité. «Il faut toujours faire les comptes», «les bons comptes font les bons amis», nous a-t-on appris. Moi, je n'aime pas rendre des comptes. Je me sens et me connais digne de confiance. Sinon, je n'ai pas besoin d'amis à qui il est impératif de rendre des comptes. Même à moi même, je ne rends plus aucun compte. D'ailleurs, dans une école plus officieuse, nous avons appris aussi que «ta poche est ton meilleur copain».
Mais, voilà, mon MOI-MÊME me rappelle à l'ordre : Tu tiendras combien de temps à ce rythme? Champion d'endurance ou personnage têtu qui refuse de s'écouter? Il faut se rendre à l'évidence, me dis-je. Ce capitalisme risque de tous nous tuer après nous avoir embourbé dans l'endettement, le surmenage et la lutte absurde pour trouver l'issue, le bout du tunnel...
Ce n'est pas le gain ou la gloire qui m'anime, c'est plutôt la responsabilité, me dis-je. Il vaut mieux rester responsable le plus longtemps possible que de s'éteindre à un âge précoce, me répond-il. Il a raison. Il n'a jamais poussé les limites aussi loin pour me le confirmer.
Une parfaite éloquence que je lui reconnais, mais une sincérité que je désire étouffer. Les choses, les êtres, les événements...tout est insensé. Pourquoi m'imposer un discours plein de bon sens lorsqu'il n'y a plus aucune logique? Peut-il penser à tout ce que j'ai fais au lieu de voir ce que je fais, je veux ou peux faire ici et maintenant? Qu'il me laisse tranquille s'il ne daigne même pas me répondre. Silence...C'est l'appel à la prière...
 Fait le 22 septembre à Safi.

De la pression à la dépression

On dit que les taux de maladies chroniques ne cessent d'augmenter, ici et ailleurs. On précise que la qualité de vie devient de plus en plus défavorable et que l'inquiétude, le désarroi, le désespoir battent leur plein notamment chez les jeunes. Je ne dirais pas le contraire. Ce sont des réalités auxquelles j'ajouterai d'autres encore plus déplaisantes dont les preuves sont plus accablantes...Mais, je n'ai même pas à le faire. Vous êtes déjà tous persuadés de la véracité de l'image dont je peux vous brosser les contours aussi sombre soit-elle de la condition humaine actuelle, en particulier ici.
Ici, les êtres se trouvent non seulement coincés, mais suspendus par les pieds. À l'image des moutons de l'Aid, nombreux sont ceux qui se trouvent déjà, égorgés, vidés de leur sang et suspendus pour ensuite être défaits de leur dernière couverture, de la dernière charnière de leur dignité. Le visage en sang, ils affichent ce regard vide, celui d'une mort certaine. Mais, contrairement à l'animal, certains hommes ont choisi d'être suspendus ici. Ils ont couru à leur perte. Ils se sont trouvés piégés dans ce jeu aussi morbide qu'inévitable.
D'autres, pareils aux chiroptères (chauves-souris), croient pouvoir se suspendre en attendant le moment idéal de s'accaparer de leur proie. Vous l'aurez deviné: l'espèce humaine ne dispose pas des moyens lui permettant de mener cette vie nocturne. Grâce à l'écho, la chiroptère peut se localiser et s'en prendre de manière précise à son objectif tout en évitant le moindre obstacle. Et puis, elle ne connaît qu'une vie, celle de la nuit. Quant à nous, nous estimons tout connaître, croyons tout contrôler, tout apprivoiser au moment même où tout nous échappe...On est même incapable de se contrôler.
Contrôlons-nous nos coutumes quand de nombreuses familles sont obligées de se dépouiller de leurs biens les plus précieux et les plus utiles car c'est l'Aid qui l'exige? Contrôlons-nous nos envies des choses les plus éphémères? Pouvons-nous tenir tête aux marques, à la mode, aux derniers cris?
Les derniers cris sont ceux, réellement parlant, du chef de famille non pas incapable de subvenir aux besoins de sa famille, mais résigné devant l'ampleur que prennent ces besoins ces derniers temps. Il est terrassé, tétanisé. Il n'existe plus. Il est juste suspendu par les pieds aux crochets d'un boucher appelé «le capitalisme».
Qu'il ait choisi ou non cette suspension, ce suspens permanent, il est victime de ce système. Ce même système qui a tout transformé : les êtres, leurs représentations, leurs conduites et sans doute leurs conditions de vie, voire leur vie entière.
Car la leur est un pur simulacre. Souriez, c'est un selfie! Cheeeezzz....Le vrai sourire, le vrai bonheur, les choses vraies, c'est très rare. C'est marrant, parfois cynique, parce qu'en plus d'être coincé et vraiment suspendu tel l'agneau, il faut encore afficher ce sourire, celui de la tête rôti de l'Aid!



 P

Tom et Jerry

Je n'ai pas à me plaindre. Ne suis-je pas comblé? N'avais-je pas réalisé l'irréalisable? N'avais-je pas vaincu mes pires ennemis : les supérieurs? Ne suis-je pas celui qui a défié leur autorité juste parce qu'ils ont défié mon intelligence? Ne les avais-je pas farouchement châtié pour avoir osé penser à empoisonner mon existence?
Dans notre lutte de chat et de la souris, je suis sorti gagnant. Bien qu'acérées grâce à des pouvoirs très étendus, leurs griffes n'ont pu atteindre leur cible : un maillon faible de la chaîne. Jerry est sorti vainqueur comme toujours. C'est ça le pouvoir de la fiction, réaliser ce qui ne peut l'être, faire de l'impossible une réalité, une vérité à laquelle on s'habitue. Jamais Tom n'a eu raison de Jerry. Pourtant il y était toujours presque. La victoire des faibles sur les plus forts est une idée qui plaît au monde entier. C'est une manière de rendre «fictivement» justice pour toutes les injustices subies par les mortels.
Jerry est vainqueur. Le minuscule Jerry se moque du grand Tom. C'est une réalité fictive sur le petit écran, mais réelle dans mon cas au grand bonheur de l'humanité ou, du moins, des communautés et des personnes persécutées. Car celles-ci applaudiraient toujours le Brésil ou la Croatie à la coupe du monde de foot au lieu de supporter les favoris.
On aime voir gagner Jerry. Mais on ne l'encouragerait pas à se lancer dans la lutte. On est comme ça, toujours coincé entre le vouloir et le devoir, entre le rêve et la réalité, entre le meilleur et le pire. Prendre le risque ou pas? Qui ne risque rien n'a rien. La gloire appartient aux aventuriers, les vrais.

Faites attention! Ma lutte n'était pas contre une entité étrangère, mais bel et bien contre le système national même auquel j'appartiens. Une appartenance trompeuse. C'est comme le transport en commun, on peut être éjecté à tout moment, expulsé à l'extérieur qu'on soit déjà arrivé à destination ou encore en cours de route. C'est navrant, mais c'est ainsi. C'est injuste, mais c'est ainsi. C'est trop, mais c'est comme ça. Je n'ai jamais aimé la fatalité, ni la lutte, mais je suis toujours prêt à affronter l'ennemi...qu'il soit d'ici ou d'ailleurs, qu'il ait l'allure d'une bête féroce ou d'une créature moins imposante, sans doute plus maligne. Une chose est sûre, si j'étais Tom, je ne me mettrais jamais au travers de la route de Jerry...
 Fait à Safi le 2 octobre 2018

Passion et compassion

La passion dépend-elle de la compassion? Les deux mots ne semblent pas aller de pair. Pourtant, ce matin, sans compassion, la passion du métier aurait été impossible. C'est pareil à chaque rentrée universitaire, à chaque cours introductif. Au premier contact, il est impératif de motiver mes étudiants, de leur expliquer les vertus de l'université, de faire disparaître de leurs esprits tourmentés les idées noires qui les hantent. Pour la majorité des étudiants, la fac, c'est un choix imposé faute de mieux, c'est le dernier refuge, c'est «une usine de fabrication de chômeurs» comme l'a déclaré non sans sens de l'irresponsabilité un haut responsable, qui n'est pas seulement un membre du gouvernement, il était aussi le ministre en charge de l'enseignement supérieur!
Il faut donc, pour goûter à ma passion de l'enseignement, chasser les idées reçues, effacer les effets des discours officiels et officieux, calmer les esprits et redonner l'espoir à mon public. J'imagine que ce n'est pas le cas pour tous les profs. Certains sont plus pragmatiques et donnent leur premier comme leur dernier cours de l'année en toute indifférence à l'état d'esprit de leurs étudiants. Pour moi, ce n'est pas un travail comme tous les autres. Il doit y avoir une relation et une certaine complicité entre l'enseignant et ses étudiants.
Or, me confondre à un représentant du système est déjà un mauvais départ. Je me positionne plutôt du côté des étudiants. Comme eux je suis victime moi aussi du système dans lequel nous sommes tous piégés, mais que l'on peut faire fonctionner ensemble à notre avantage.
C'est la passion qui m'anime qui me donne la force de compréhension et de compassion à l'égard des jeunes bacheliers qui débarquent à l'université en ayant en tête une seule idée : «Je suis un raté», «j'ai foutu ma vie en l'air», «,j'aurai dû...Mais maintenant c'est trop tard». Ces créatures qui se lamentent, qui se déchirent, qui souffrent tout simplement ne peuvent constituer un public idéal avec lequel chaque cours sera un moment de plaisir attendu avec impatience chaque semaine.
La passion est donc tributaire de la compassion. Une compassion réciproque, bilatérale. L'enseignant, lui aussi, est désabusé, frustré et ballotté de toutes part et ne saurait rester passionné et faire des cours passionnants qu'en passionnant ses étudiants et les faire adhérer à la passion complice non pas de l'enseignement et l'apprentissage, mais plutôt à celle du partage du savoir et à l'envie d'être meilleur, si ce n'est pour soi, au moins pour les autres.
Rédigé à Safi le 5/10/2018

Bienvenue sur mon blog!

Bienvenue sur mon blog. Vous pouvez y découvrir tout ce que vous voulez savoir sur AGOUJGAL le prof., la personne, ses idées, ses productions, ses projets de recherche, ses réflexions et bien d'autres choses encore.
Bonne lecture!