Se définir est bien souvent une entreprise aussi difficile que délicate. Le fait de se présenter ou de parler tout simplement de soi n'est pas aussi aisé qu'on pense. Rien qu'en prononçant son nom et son prénom, c'est comme si toute l'histoire personnelle est révélée, on a immédiatement la sensation de gorge clouée, une sorte d'étouffement qui paralyse la voix et perturbe l'élocution.
Se définir par écrit est sans doute bien plus compliqué. Il s'agit de raccourcir une vie de plus de 40 ans sans dépasser 40 lignes. C'est un article et non une autobiographie. De toute façon, je ne dois pas commencer par me plaindre de la difficulté de ce projet car la difficulté elle-même me définit selon mes proches.
De toute ma vie d'écolier, je n'ai jamais porté de surnom contrairement à la majorité de mes camarades de classe. Seuls mes grands frères ont réussi à me coller ce surnom : «le DIFFICILE». En vérité, c'est en reprenant ce qualificatif que j'utilisais pour me définir que j'ai eu enfin un surnom à l'âge de 16 ans!
Psy et pseudos psy, abstenez-vous de vous lancer dans une analyse d'une personnalité difficile à contourner. Car bien que l'arrogance semble sans équivoque, beaucoup qui me connaissent se disent étonnés de mon extrême humilité.
Parler de difficulté de se définir et de se présenter est déjà un indice de modestie puisque je suis enseignant universitaire spécialisé en communication interpersonnelle. J'ai appris à quelques 20 milles étudiants la manière la plus efficace de se présenter devant un public durant les 15 années de ma carrière à l'université.
A l'oral, j'étais franchement moins doué qu'à l'écrit. D'ailleurs, j'ai écrit mon premier poème à l'âge de 10 ans. Il a eu un succès dont j'étais sûr auprès de lecteurs bien plus âgés et bien plus instruits à l'époque. Mon engouement pour l'écriture en français, en arabe et même en anglais n'avait pas de limite. Mais, j'ai abandonné presque totalement cette vieille habitude à un moment de ma vie où écrire ne voulait absolument rien dire. C'était au début des années 2000. Rien n'allait plus bien que je vienne de décrocher l'emploi de mes rêves.
Cependant, je n'ai pas cessé d'écrire. J'ai seulement «monétisé» mes écrits à travers mes travaux de traduction. Lauréat d'une GRANDE ECOLE de traduction au début du millénaire, j'en ai fait un métier. Au bout d'une dizaine d'années d'expériences en traduction, je suis devenu l'un des rares traducteurs indépendants du marché. C'est un métier bien plus lucratif que l'enseignement et de loin plus instructif, mais bien moins passionnant que ma vocation première.... à suivre (le 1er septembre 2018)
AGOUJGAL, C'est qui (suite)
C'est moi, encore moi, toujours moi, égocentrique et narcissique jusqu'au plus profond de moi. Au fait, être narcissique, selon moi, n'a rien de pathologique à l'heure même où certaines pathologies et déviances avérées tombent de la liste des maladies qui rongent non seulement les individus, mais l'humanité tout entière. Être fier de soi n'a rien d'anormal. Ne le concédez-vous pas?
Une fierté que rien, absolument rien n'altère. Une arrogance, dites-vous? Dites-vous bien qu'elle est pleinement méritée. De nos jours, ce narcissisme est révélé au grand jour. Les réseaux sociaux font que chacun se mette en avant d'une scène. Le spectacle est drôle! Tellement drôle qu'il déplaît. C'est un paradoxe! Oui c'est vrai. Les moins nantis, comme les plus lotis, s'adonnent volontiers à ce jeu de s'exprimer, de copier, de coller et de transférer tout: les choses sensées comme celles sans aucun sens. D'autres aiment ou réagissent, si ce n'est par les mots, au moins, par des émoticônes, plus expressifs pour certains, ou tout simplement requérant moins d'effort!
Je trouve génial que même les analphabètes de tout âge peuvent utiliser les réseaux sociaux. Ces informaticiens sont d'une GRANDE INTELLIGENCE. Ils sont parvenus à démocratiser très rapidement les nouvelles technologies.
Mais, c'est une chimère. C'est un leurre! On en aura la possibilité de discuter plus tard. Revenons maintenant à moi. J'ai toujours un mot à dire sur presque chaque sujet. Après tout suis-je moins instruit que toute la horde qui déballe tout et n'importe quoi sur le web?
Je trouve malheureux que des personnes qui ont leur mot à dire, disparaissent sans l'avoir fait. Soit parce qu'ils ont eu en horreur les réseaux sociaux, ou parcequ'ils se sont sentis dépassés ou tout simplement parce qu'ils ont refusé de se mêler à la racaille.
Horde, racaille, ce sont leurs mots. Je n'ai fait que traduire fidèlement leurs idées et viendra un jour où je dévoilerais le bien fondé de leurs pensées.
J'ai toujours un mot à dire, et surtout à écrire. Il y a maintenant des années que j'ai écrit une thèse et reçu un doctorat en sciences de l'éducation, au moment même où celle-ci traversait, et traverse encore, une vraie crise non seulement chez nous, au Maroc, mais partout dans le monde. Système éducatif en crise, institution de la famille en crise, finances en crise. Un cataclysme s'abat sur le monde. La révolution technologique est pointée du doigt comme la source des maux dont pâtissent les individus, la société, l'humanité...
Le monde est fou! En réalité, on est tous devenus fous. On rapporte souvent dans la rubrique de la dernière page de l'Économiste, intitulée «Un monde fou», des faits insolites. C'est une sorte de touche humoristique qui vient apaiser les esprits tourmentés d'avoir lu un ensemble d'informations déplaisantes tout au long des pages du journal en question. Au moins, on sourit en les lisant. Et parfois on a envie de dire :«Encore!», car on a déjà vu la même information sur Facebook ou WhatsApp. Ce sont ces infos futiles et inutiles que l'on partage souvent, bien trop souvent à tel point que des personnes sérieuses qui partagent ce qui mérite d'être partagé, vous demandent de transférer leurs messages importants aux autres. Car on ne transfère que ce qui est amusant, drôle et insolite.
C'est révoltant! Par manque de bon sens, de tact ou franchement parce qu'ils sont mal élevés, certains vous menacent d'aller en enfer ou d'être frappé par tous les maux du monde si vous ne partagez pas certaines prières ou des messages religieux dépourvus de sens.
C'est pour faire face à ceux-ci et à toute cette folie que j'ai décidé d'écrire. Écrire pour dénoncer ces pratiques et l'usage qu'on fait du web. Critiquer est un autre aspect me définissant bien qu'il m'ait valu l'animosité de certains et l'incompréhension d'autres. Ma franchise et mon opposition à certaines futilités, contradictions ou incoherences étaient à l'origine de problèmes aussi nombreux que complexes. Pour autant, je poursuis ma mission, je continue à décrier toute chose insensée. Seule différence, cette fois c'est par des écrits destinés à tous que cela vous plaise ou non cher lecteur...
(Safi, le 2 septembre 2018).