vendredi 30 août 2019

La profession de femme (Acte II)

La femme est une femme. Qu'elle soit célibataire, mariée, divorcée, veuve, elle est une femme. L'homme, lui, peut être un mari ou un homme tout simplement. Un mari ne peut être célibataire, ni divorcé, ni veuf, mais il est toujours un homme.

Pour des centaines de millions de femmes, être femme c'est être une épouse. Le sentiment de complétude n'est ressenti que le jour du mariage. C'est cette association qui lui permet enfin de confirmer sa féminité à elle même et aux autres...Elle a été élue par un homme, son mari. Peu importe ensuite que cet homme soit Charles Bovary au lieu du prince charmant. Peu importe qu'il soit incapable de subvenir aux besoins de la famille. L'essentiel c'est d'avoir enfin cet homme, cette clé qui n'ouvrira peut être jamais la serrure, mais donnera l'impression de pouvoir le faire.

La femme de ménage ou la femme de chambre, en devenant épouse, devient femme au foyer. En tant que telle, elle fera le linge, le ménage et la salle des opérations reproductives. Elle prend soin de son foyer et assurera sa pérennité en étant femme dans son propre foyer et, parfois, dans les foyers de femmes contraintes de quitter le leur pour des raisons professionnelles ou personnelles.

La femme est un être surnaturel. C'est en elle que se construise l'espèce humaine. Un ventre gonflé est une vision banale, très banale quand il s'agit de celui d'un homme (politique) par exemple, mais cela est un miracle métaphysique, magique, surnaturel quand il s'agit d'une femme qui porte un bébé.

Etre enceinte est une chose extraordinaire. Un autre être vivant est en train de se former à l'intérieur même d'un autre être vivant.  Les mammifères ont ce privilège : la création ne se passe pas à l'extérieur, mais bien à l'intérieur. Et l'homme, contrairement à la femme, sera toujours étranger à cette sensation exclusive des femmes.

Bien souvent, les femmes préfèrent garder leur bébé coûte que coûte ! quitte à vivre en tant que mère célibataire...Un exploit, n'est-ce pas ? 
À suivre...


Profession de femme (Acte I)

Elle ne boit pas, ne fume pas et ne passe pas une minute de son temps au café du quartier, ni pour le café, ni pour "mater" les fesses et les silhouettes des passants. Elle est plutôt là, toujours présente, toujours en attente, souvent mécontente d'elle-même et de ce qui l'entoure. Elle aime se plaindre des voisins, du temps, de la vie, de la qualité de l'air, des enfants et du mari. Elle est chargée de la gestion des comptes du ménage. Elle a également la mission d'éducatrice. Elle joue aussi le rôle de médiation entre les enfants et le chef de famille.

Tout passe par elle, qu'il s'agisse de requête ou de doléance. Elle aime son mari et ses enfants, mais ses déclarations de haine envers ceux-ci sont plus nombreuses et plus ardentes que les douces confessions d'amour. L'affection est sans doute plus exprimée et plus explicite pour les enfants, mais c'est toujours en comparaison à un homme rugueux qui sait cacher ses impressions et occulte le moindre sentiment.

Ses lamentations sont tellement nombreuses et répétitives que l'on croit qu'elle ne sera jamais satisfaite. Mais, elle déborde de bonheur lorsqu'on s'y attend le moins. Des fois, le mari croit qu'elle est devenue folle, qu'elle a perdu les pédales à force d'être trop violente, et puis une seconde plus tard, plus tendre que jamais. Ses sautes d'humeur la définissent avec le temps.

Son instabilité comportementale est souvent attribuée à des perturbations hormonales. Des hormones font naître en elle le désir de domination, la volonté de puissance comme ils font d'elle un être fragile dont les larmes peuvent jaillir à n'importe quel moment pour effacer du maquillage qu'elle a mis beaucoup de temps et de cœur à mettre pour plaire. Oui plaire tout court. Narcissique par excellence, elle plaira d'abord à elle-même. Pourtant, comme elle est difficile à satisfaire, elle n'est jamais pleinement contente d'elle-même.

Sa beauté naturelle, elle n'en croit guère. Elle est elle même lorsqu'elle est désirée de manière franche et claire. Les détours, bien qu'elle en use tout le temps, ne sont pas les bienvenus quand on l'aborde. C'est une femme. C'est la femme...
À suivre...

jeudi 29 août 2019

La profession de mari (Acte V)

Il a eu cet enfant. Il  a enfanté un second. Et puis, plus rien. Rien ne se profile à l'horizon. Ni nouveau-né, ni nouvelle chose ne vient plus gêner sa quiétude de mari et père. Il a su orchestrer ce coup de maître : un fils et une fille en 3 années de mariage. Il est comblé. Puis, rien ne vient plus, ni les enfants, ni le rizq censé les accompagner. Les comptes sont à sec! Les enfants sont maintenant à l'école. Bien sûr au privé. Qui voudrait encore de l'école publique? Il aurait bien voulu ne rien payer, mais bon tout le monde maintenant opte pour le privé. Lui et madame se sont mis d'accord: leurs enfants iront à l'école des "Génies", la meilleure et la plus chère de la ville. Mieux côtée, c'est vrai, mais à la performance hasardeuse. Ce sont quelques élèves d'exception qui font sa réputation en obtenant les meilleurs résultats. Comme l'école, notre ami se cache derrière ce statut de mari. Les résultats sont là : un foyer, une femme, deux enfants. Les temps sont durs, mais il y a  eu du changement. Internet permet de renflouer les caisses...Depuis quelque temps, il s'est lancé sur Avito. Il publie tout type d'annonces (voitures d'occasions, accessoires, produits cosmétiques, téléphones et tablettes, apparts, locations de vacances...). Il est devenu un agent d'affaires virtuel car en réalité il ne possède rien de tout cela et n'a pas reçu la moindre demande d'un éventuel vendeur, mais publie tout de même ces annonces et attend qu'un éventuel acheteur le contacte pour débuter la chasse aux affaires. Plus tard, il créa une chaîne Youtube. Il se voulait maintenant maître de l'art de faire des affaires. Il apprend vite le putaclic (gros titres accrocheurs). Il raconte à qui veut écouter comment réussir à gérer les affaires, comment gérer une famille. Mais en étant Youtubeur, il eut moins de réussite jusqu'au jour où il décida de mettre sa femme à contribution. Il commença par la filmer en train de préparer la "chabbakia", puis le couscous, le tagine et autres trucs avant de décider qu'il valait la peine de faire de la téléréalité. Le quotidien de la famille est passé sous la caméra du lever au coucher du soleil. Il s'arrête là. Il a de la fierté lui. Il ne peut pas faire comme ceux qui filment même les scènes sous la couette pour les vendre directement aux sites spécialisés dans la pornographie. Il ne filme pas non plus ses crises de nerfs quotidiennes, ni les insultes qu'il lance à sa femme et à ses enfants. Dommage ! Tout ça aurait pu bien faire le buzz car bien d'autres maris et bien d'autres femmes aimeraient voir les scènes qui reflètent fidèlement leur quotidien.  Les enfants aussi. Ils ne veulent pas être les seuls qualifiés de "nuls" et pire encore de "ratés" ou de "transsexuels". C'est une vie où les actes obscènes et cyniques sont monnaie courante...Quelle vie! Quel peuple! 

mercredi 28 août 2019

La profession de mari (Acte IV)

Le mari est géniteur par définition. C'est une une mission à laquelle il ne peut échapper. Avoir une descendance est l'une de ses principales fonctions. C'est une source de fierté, une confirmation de sa virilité, une preuve qu'il est un homme. Partant, quelles que soient les conditions, il est impératif d'avoir des enfants. Que l'on soit riche ou franchement fauché, il est primordial, voire vital de faire un bébé. Pas besoin de planifier car, dit-on, à chaque nouveau-né le "rizq" (moyens de subsistance) est garanti. Aucune excuse n'est alors recevable. Il faut faire des bébés aussi souvent que possible, avec ou sans amour, avec ou sans moyens, avec la même épouse ou avec une autre...le géniteur se doit d'être un donneur de semences infaillible. Autrement, il est considéré comme incomplet, incompétent,  et  surtout impotent. Faire un bébé ne suffit pas. Il faut que ce bébé soit de sexe masculin. Il faut que le géniteur perpétue la tradition en faisant enfanter au moins un autre géniteur, sinon c'est un échec flagrant et inacceptable...Il faut qu'il y ait un i grec (y) dans l'équation. Un double x est une équation génétique à double inconnu. 
À suivre...

mardi 27 août 2019

La profession de mari (Acte III)

Être mari est pour lui un aboutissement. Il est devenu un homme à part entière. Il est comblé d'être enfin marié. Il devient vite un personnage d'un autre bord, impitoyable et arrogant. Il est maintenant chef de sa propre entreprise. Il a sa propre "servante". Elle devra désormais s'occuper de lui, de son linge, de le nourrir et de le chérir jusqu'à ce que "la mort les sépare". Elle est enfin là à la portée, pour toujours, tous les jours...Elle est là celle qu'il chérissait tant. Elle est finalement devenue sienne. C'est un trophée qu'il ne tardera pas à s'en ennuyer. Il oublie tous les efforts qu'il a déployé pour la conquérir...il oublie tout...tous les mots qu'il peinait à trouver pour qu'elle soit contente de lui...Il oublie toute la souffrance qu'il endurait quand elle était mécontente. Elle était là, conquise, enfin dans la cage...Et lui, il était là régnant en chef suprême faute de l'être ailleurs. Ses compagnons lui racontent qu'il faut qu'il soit moins tendre, sinon plus cruel avec "Madame". Il ne faut pas se laisser faire, il faut prendre le dessus et qu'il est impératif que "le chat soit tué dès le premier jour". 
Il faut être injuste envers sa partenaire. C'est important, disent-ils. Lui, qui vient de se marier, ne veut pas être de ce peuple que la "Houkouma" gouverne. Il s'emploie à faire autant de mal à cette femme qu'il chérissait sous prétexte que c'est le meilleur moyen de dompter une lionne fraîchement capturée. Une lionne ne mérite pas qu'il lui dise de belles paroles, mais de hisser son fouet ça et là en la menaçant...A défaut de fouet, il parle, comme le faisait son père, de l'éventuel usage de sa ceinture comme arme contre celle que jadis il aimait tendrement. C'est par amour, explique-t-il, qu'il prévoit de frapper cet être bien plus fragile  pour supporter d'être grondé. Il ne fait qu'obéir aux préceptes de l'Islam, dit-il, pour justifier sa cruauté. Résignée, la femme encaisse, subit et parfois se montre fière qu'elle soit battue parce que c'est ainsi qu'agissent les maîtres envers leurs esclaves...
À suivre...

La profession de mari (suite)

Il y a de cela une vingtaine d'années, un professeur s'est présenté à ses étudiants en disant : "Je m'appelle (ses nom et prénom) et je suis très marié".
Un éclat de rire de quelque centaine d'étudiants a rempli la salle de classe.
Très marié, a-t-il dit. C'est comme s'il était possible d'être marié, mais à un degré moindre. Mais, après mûre réflexion, il avait raison de se dire très marié car, après tout, beaucoup d'hommes sont moins mariés. Ils ont gardé toute la splendeur et toutes les habitudes d'un pur célibataire. Rien n'a changé après leur mariage, ni leur train de vie, ni leurs penchants de personnages vivant individuellement et au gré du moment.
Le statut de mari, si facile à obtenir, n'était rien d'autre qu'une appellation dépourvue de sens. Ce sont des individus libérés de tout le poids des responsabilités d'un mari, d'un chef de famille, d'un père. Ils traitent leurs femmes comme s'il s'agissait de l'une de celles qui vendent leurs corps pour des sous quel qu'en soit le nombre.
Celles qu'ils laissent au "foyer" ne remplissent qu'une fonction:  un objet sexuel, un produit charnel que l'on consomme sans ménagement et envers qui aucune contrepartie n'est prévue. Au moins les "p...s" reçoivent de l'argent. Pour celles-ci il s'agit d'une activité génératrice de revenus, contrairement aux  femmes contraintes de se plier aux désirs de leurs "maris" sans rien attendre en retour.
C'est honteux qu'elles demandent, mais c'est encore plus honteux pour ceux qui les tiennent en laisse d'agir ainsi...
À suivre...

samedi 24 août 2019

La profession de mari

Aujourd'hui, les vendeurs de poulet, s'activent, reprennent leurs activités plus rapidement que prévu. La demande est croissante. Ce n'est pas l'Aïd El Kébir qui dicte sa loi, mais plutôt les cérémonies de mariage qui battent leur plein en cette saison estivale.

Se marier... ça semble plutôt courant, très courant, trop courant...Fonder une famille est sans doute une entreprise courante ne nécessitant a priori pas de démarches administratives compliquées. Or il s'agit d'une entreprise d'une importance capitale. Le mariage nécessite beaucoup de préparatifs, mais les mariés sont souvent moins préparés aux exigences de la vie à deux, et encore moins à la vie à trois ou à plusieurs quelques mois ou années plus tard.

Les pré-requis sont exigés partout, mais pas pour le mariage. Il n'y a pas de condition, ni de critère particuliers pour devenir mari. Pourtant, c'est une profession à part entière. Devenir chef de famille implique d'énormes responsabilités, mais on le devient de facto. C'est comme si le statut et le  titre de mari peut être attribué à quiconque. Pourtant gérer une famille n'est en rien une mince affaire. C'est le métier le plus éprouvant et le plus exigeant qu'il y a sur terre. 

Il ne suffit pas d'être un homme pour être un mari et encore moins un père tout comme il ne suffit pas d'être une femme pour être une mère. Dans un pays où certaines filles, à peine pubères, sont poussées au mariage, il est évident que l'on y croit  : chacun et chacune peut fonder une famille.

Quand, au bout de quelques semaines, mois ou années l'échec est annoncé,  on se rejette souvent la responsabilité en ayant en tête que cela aurait dû marcher et que les mariés, ou l'un d'entre eux, a manqué de patience...
A suivre...