On dit que les taux de maladies chroniques ne cessent d'augmenter, ici et ailleurs. On précise que la qualité de vie devient de plus en plus défavorable et que l'inquiétude, le désarroi, le désespoir battent leur plein notamment chez les jeunes. Je ne dirais pas le contraire. Ce sont des réalités auxquelles j'ajouterai d'autres encore plus déplaisantes dont les preuves sont plus accablantes...Mais, je n'ai même pas à le faire. Vous êtes déjà tous persuadés de la véracité de l'image dont je peux vous brosser les contours aussi sombre soit-elle de la condition humaine actuelle, en particulier ici.
Ici, les êtres se trouvent non seulement coincés, mais suspendus par les pieds. À l'image des moutons de l'Aid, nombreux sont ceux qui se trouvent déjà, égorgés, vidés de leur sang et suspendus pour ensuite être défaits de leur dernière couverture, de la dernière charnière de leur dignité. Le visage en sang, ils affichent ce regard vide, celui d'une mort certaine. Mais, contrairement à l'animal, certains hommes ont choisi d'être suspendus ici. Ils ont couru à leur perte. Ils se sont trouvés piégés dans ce jeu aussi morbide qu'inévitable.
D'autres, pareils aux chiroptères (chauves-souris), croient pouvoir se suspendre en attendant le moment idéal de s'accaparer de leur proie. Vous l'aurez deviné: l'espèce humaine ne dispose pas des moyens lui permettant de mener cette vie nocturne. Grâce à l'écho, la chiroptère peut se localiser et s'en prendre de manière précise à son objectif tout en évitant le moindre obstacle. Et puis, elle ne connaît qu'une vie, celle de la nuit. Quant à nous, nous estimons tout connaître, croyons tout contrôler, tout apprivoiser au moment même où tout nous échappe...On est même incapable de se contrôler.
Contrôlons-nous nos coutumes quand de nombreuses familles sont obligées de se dépouiller de leurs biens les plus précieux et les plus utiles car c'est l'Aid qui l'exige? Contrôlons-nous nos envies des choses les plus éphémères? Pouvons-nous tenir tête aux marques, à la mode, aux derniers cris?
Les derniers cris sont ceux, réellement parlant, du chef de famille non pas incapable de subvenir aux besoins de sa famille, mais résigné devant l'ampleur que prennent ces besoins ces derniers temps. Il est terrassé, tétanisé. Il n'existe plus. Il est juste suspendu par les pieds aux crochets d'un boucher appelé «le capitalisme».
Qu'il ait choisi ou non cette suspension, ce suspens permanent, il est victime de ce système. Ce même système qui a tout transformé : les êtres, leurs représentations, leurs conduites et sans doute leurs conditions de vie, voire leur vie entière.
Car la leur est un pur simulacre. Souriez, c'est un selfie! Cheeeezzz....Le vrai sourire, le vrai bonheur, les choses vraies, c'est très rare. C'est marrant, parfois cynique, parce qu'en plus d'être coincé et vraiment suspendu tel l'agneau, il faut encore afficher ce sourire, celui de la tête rôti de l'Aid!
P
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