Il y a peu, j'étais cloué au lit. Une fatigue insurmontable doublée de troubles intestinaux, de crampes et une fièvre infernale eurent raison de ma volonté de me lever et d'affronter les défis quotidiens. C'était un message clair du corps : «laisse-moi tranquille, j'en ai assez d'être malmené dans ta vie aussi bouillonnante qu'imprėvisible, aussi mouvementée que stagnante, aussi limpide que trouble, aussi pacifique que sanglante». Une alerte, oui. Halte! Enfin, mon moi-même me parle! Car lui et moi, on a cessé de nous parler depuis des lustres. On avait décidé un jour, après une série de mésententes, d'observer la loi du silence. Rien ne pèse tant sur ma conscience pour qu'IL continue de me mener la vie dure.
Je ne fais de mal à personne, me semble-t-il. Je n'ai pas de compte à rendre ni à LUI, ni à quiconque. C'est une belle et triste vérité. «Il faut toujours faire les comptes», «les bons comptes font les bons amis», nous a-t-on appris. Moi, je n'aime pas rendre des comptes. Je me sens et me connais digne de confiance. Sinon, je n'ai pas besoin d'amis à qui il est impératif de rendre des comptes. Même à moi même, je ne rends plus aucun compte. D'ailleurs, dans une école plus officieuse, nous avons appris aussi que «ta poche est ton meilleur copain».
Mais, voilà, mon MOI-MÊME me rappelle à l'ordre : Tu tiendras combien de temps à ce rythme? Champion d'endurance ou personnage têtu qui refuse de s'écouter? Il faut se rendre à l'évidence, me dis-je. Ce capitalisme risque de tous nous tuer après nous avoir embourbé dans l'endettement, le surmenage et la lutte absurde pour trouver l'issue, le bout du tunnel...
Ce n'est pas le gain ou la gloire qui m'anime, c'est plutôt la responsabilité, me dis-je. Il vaut mieux rester responsable le plus longtemps possible que de s'éteindre à un âge précoce, me répond-il. Il a raison. Il n'a jamais poussé les limites aussi loin pour me le confirmer.
Une parfaite éloquence que je lui reconnais, mais une sincérité que je désire étouffer. Les choses, les êtres, les événements...tout est insensé. Pourquoi m'imposer un discours plein de bon sens lorsqu'il n'y a plus aucune logique? Peut-il penser à tout ce que j'ai fais au lieu de voir ce que je fais, je veux ou peux faire ici et maintenant? Qu'il me laisse tranquille s'il ne daigne même pas me répondre. Silence...C'est l'appel à la prière...
Fait le 22 septembre à Safi.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire