lundi 16 septembre 2019

La profession de femme (Acte X)

Dans l'enceinte de l'aéroport Mohamed V, des voyageurs s'activent, tirent leurs valises et s'apprêtent, pour la plupart, à prendre l'avion pour la première fois de leur vie. Habillés tous et entièrement en blanc, il est facile de deviner leur destination : la Mecque. Au milieu de ce vacarme, un dialogue entre un douanier et une vieille femme laisse perplexe!

- Cette valise ne peut en aucun cas être la vôtre Hajja.
- C'est la mienne mon garçon, j'en suis certaine.
- Mais, c'est impossible! Il doit y avoir une erreur quelque part.  
- Pourquoi mon garçon?
- Je n'ose pas vous le dire Hajja. Mais, avez-vous des enfants, des adolescents à la maison?
- Non, mon garçon. Je vis toute seule. Mes fils et filles travaillent à l'étranger. On m'a dit que la plus jeune, l'unique célibataire de mes enfants, travaille dans un pays à coté de la Mecque.
- Et votre mari?
- Hélas! Il a pris sa retraite de la vie l'an dernier mon enfant. Il n'est plus parmi nous.
- Mais, non Hajja! Il y a un problème ici.
- Lequel mon garçon?
- Franchement Hajja, j'ai trouvé dans votre valise quelque chose  qui ne peut vous appartenir.
- Qu'as-tu trouvé mon garçon?
Il lui montre une bouteille de whiskey et lui dit :
- Celle-là Hajja. 
- Celle-là, oui...il fallait me le dire, c'est la mienne...c'est la mienne mon garçon, tu m'as fait une de ces peurs...j'en ai cruellement besoin, a-t-elle lancé en affichant un sourire de gamine. 
- Comment? C'est la vôtre? Mais, c'est Haram (illégitime)! Vous êtes à destination de la terre sainte...Comme si c'était permis si elle ne s'apprêtait pas à prendre un vol vers Makkah Al-Moukarramah.
- Oh mon enfant ! Ne vois-tu pas que je suis trop vieille pour faire le tour de la Kaaba. Deux ou trois verres de cette liqueur suffit à me faire faire plusieurs tours toute en restant à ma place...

Le douanier la laisse partir. Nous n'avons pu savoir s'il a confisqué ou non le whiskey. De toute façon, il n'ouvre que quelques valises au hasard. C'était juste un drôle de hasard!Une situation hilarante!

Mais, loin d'être unique, ce genre de prétexte surréaliste se répète interminablement dans notre quotidien. Tout comme son mari, son frère et son père, toute femme enchaîne les mensonges pour éviter les critiques devenus insurmontables à l'ère de l'Internet. On en a marre de se justifier et de défendre un point de vue que l'on sait, à l'avance, insensé. L'absurde de Sartre et de Camus devient le réel pour monsieur le Hajj et madame la Hajja.

Le réel est virtuel et le virtuel est réel. Beaucoup de femmes se retranchent et s'accrochent à la fiction, à un amour infaillible d'un personnage parfait sous tous rapports. Les hommes se perdent dans l'imagination d'un monde meilleur, celui de l'au-delà où des déesses à la chaire d'ange viendraient enfin satisfaire leur goût démesuré de mâle dominant aux serveuses multiples...

Le douanier raconta sa journée à sa femme. Aucune réaction! C'est comme si elle n'entendit rien. Elle voulait lui raconter une histoire semblable : comment toutes les femmes et les filles conviées au mariage de sa cousine la semaine dernière furent droguées à leur insu et que cette nuit là était inoubliable pour elle et pour beaucoup d'autres femmes car elles se sentirent quelque temps débridées et en chaleur extrême...

Elle n'osa point. Un tel aveu serait synonyme de trahison...Une trahison qu'il ne supportera pas même s'il est lui-même surnommé par les douanières de "Dragueur moustachu". Une moustache. Voilà un nom féminin indiquant la masculinité. Cet homme n'était-il pas le fils,  le produit d'une femme? C'est sa mère qui a façonné sa vie à jamais. Elle lui apprenait que ses soeurs, la cadette comme l'ainée, étaient à son service. Il lui est interdit de se servir du thé lui-même. Il doit être servi par l'une de ses soeurs. Pour se laver les mains, pas besoin de bouger, l'une de ses soeurs s'occupera de la chose comme si on vivait encore au 18ème où je ne sais quel siècle. Même après leur mariage, les soeurs sont également le pur produit de la même mère : des personnages résignés, des personnes sans opinion et sans personnalité.

Aujourd'hui que les choses ont avancé les femmes réclament la parité, c'est comme si elle demandent la charité. Elles doivent s'affirmer, c'est tout. Les statistiques sont de leur côté. Les filles se scolarisent plus et plus longtemps que les garçons. Elles obtiennent leurs diplômes, décrochent des emplois jadis réservés aux hommes. Malheureusement, la majorité d'entre elles pensent que la réussite, la vraie, c'est d'avoir un mari....

dimanche 15 septembre 2019

La profession de femme (Acte IX)

Douée naturellement en marketing, cette publicitaire new-yorkaise de renom a le vent en poupe. Elle enchaîne les trouvailles et s'accapare d'un marché où la concurrence est une guerre sans merci. Hakima avait tout juste 19 ans lorsque sa mère Rahma, traductrice et interprète de profession, se décida à quitter le plus beau pays du monde pour s'installer aux States.

Rahma avait réussi le concours de "Arabic inguist" qui a eu lieu le 25 juillet 2000 à Genève. À cette époque, ce genre de concours ne se tenait pas encore dans les pays du Maghreb faute de candidats. C'était une pure coïncidence qu'elle se trouvait à Genève cet été là. Son mari devait rendre visite à sa sœur qui, depuis quelque temps, souffrait d'une maladie incurable et tabou à ce moment là : le SIDA.

C'est sa sœur aînée, Kenza, qui a payé ses études après le décès de son père. C'est grâce à la vente de l'atelier de menuiserie qu'elle était partie en Suisse avant d'obtenir son bac. Elle a dû travailler dur, surtout de nuit, pour subvenir aux besoins de ses 2 frères et 3 sœurs. Leur mère n'avait survécu que quelques semaines après la perte de son partenaire.

Rahma, devenue traductrice grâce à sa mère, secrétaire du Procureur du Roi, se rappelle exactement du jour où elle lui demanda de venir au tribunal pour traduire les propos d'un étranger accusé de pédophilie car aucun traducteur n'était disponible ce samedi 23 mai 1981. Elle avait la trouille...Elle n'était qu'une collégienne, qu'un  enfant qui maîtrisait plus ou moins l'arabe et le français. Elle ne voulait point être en contact avec un prédateur sexuel qui vise les enfants. Mais elle assura. Son avenir fut scellé à ce moment là.

Clairement douée depuis son jeune âge, Hakima a suivi les pas de sa mère : ne jamais craindre les hommes, mais prendre toujours ses distances...Elle a pu poursuivre ses études et se frayer un chemin dans le monde du marketing dans un contexte si difficile : la période postérieure au 11 septembre 2001 et à New York, la ville meurtrie.

Aujourd'hui, sa mère Rahma, partie à la retraite depuis deux ans et ayant préféré le retour au Maroc parce que telle était le souhait de son défunt mari, se retrouve coincée dans sa villa de 1000 mètres à Dar  Bouazza car les habitants des bidonvilles ont été relogés aujourd'hui dans des résidences à proximité de sa demeure. Elle craint pour sa vie, elle craint d'être attaquée par ces personnages qui ne portent pas d'armes, mais qui sont capables de tout. Hakima a le devoir d'être au chevet de sa mère. Reviendrait-elle? Ou, plus justement, viendrait-elle?

On n'en sait rien...Tout ce que l'on peut savoir c'est qu'elle soit épouse, mère, sœur ou fille, la femme peut être au service de son prochain, directement ou indirectement...

vendredi 13 septembre 2019

Le métier de femme (Acte VIII)

Bien qu'elle soit fragile et docile, la femme, comme l'homme aime l'aventure et les sensations fortes. L'homme peut être qualifié de téméraire, la femme aussi. Elle aime l'aventure bien plus que la majorité des hommes, contrairement à ce qu'elle laisse paraître.

Dans certains cas, elle peut être bien plus aventurière que l'homme. Les films, les séries et autres œuvres de fiction dépeignent la femme comme étant un être retiré, réservé, replié sur lui-même et inquiet tout le temps. Ce n'est pas vrai ... La femme n'est pas synonyme d'angoisse, ni d'inquiétude. Ses sentiments sont plus forts, c'est tout.

Bien des femmes défient la peur et la raison. Ce sont les lionnes qui partent à la chasse et se sont les femelles, toutes espèces confondues, les premières à être capturées. C'edt un témoignage qu'elles sont plus téméraires et moins peureuses. Non?

Sous-estimer la femme, c'est ne pas la connaître suffisamment pour juger...
Biologiquement moins solide que l'homme, mais elle peut prendre les mêmes risques, sinon plus.

mercredi 11 septembre 2019

Le métier de femme (Acte VII)

En cette rentrée scolaire, la femme fait les comptes : un plus un est égal à deux. Mais si 1+1 est égal à deux, comment est-il possible que 2 multiplié par deux est égal à 4 alors qu'une remise de 25 pour cent est prévue et annoncée si on inscrit les deux enfants ensemble. Comme elle, le mari a le tournis. Aucun problème n'était signalé au préalable. Il faut tout gérer sur le tas, dans l'immédiat...Si c'est si simple pour lui, pour elle c'est "la merde" toute cette histoire. 

La femme désire contrôler ce qui l'entoure même si cela la dépasse. Lui, quand tout dérape, c'est dans l'ordre des choses. Il a vite compris. Mais elle, elle ne veut rien comprendre, plus rien comprendre. Si c'est rose, c'est rose...si au départ c'était tout blanc, pourquoi ça tournerait au cauchemar?
Si pour lui, il n'y avait plus aucune vérité, pour elle, la vérité n'est pas plurielle.

La logique est ainsi perdue; la gestion des comptes aussi. Pourtant, tout cela devait être simple, une affaire très banale. Mais, c'est exactement l'inverse qui se produit. Comme son mariage qu'elle a toujours l'impression de ne plus contrôler, les comptes sont volatiles et finissent par lui échapper.

Il y a bien eu une remise, mais il y a eu aussi cet imprévu : les livres ont changé. Ceux du fils aîné ne conviennent plus à la cadette. Il y a donc un trou énorme dans ce budget aussi serré que la succession des Aids (fête de Ramadan, Aïd Elkébir et Achoura).

Elle a l'impression qu'une seule journée sépare les trois occasions impliquant de revoir, réviser, réadapter le budget. Vivre au dessus des moyens n'était jamais à l'ordre du jour, mais c'etait devenu finalement une habitude. Il faut faire avec, mais sans mauvaise surprise svp. Ne perturbez pas nos comptes svp. Laissez-nous vivre svp...SVP...

mardi 10 septembre 2019

Le métier de femme (Acte VI)

Je ne sais pas pourquoi on n'enseigne pas à l'école que la formation d'un fœtus débute par un la formation du cœur. A quatre semaine, le foetus qui  pèse moins d'un gramme est composé d'un élément central : le cœur. On peut l'entendre distinctement lors de l'échographie. Ce cœur microscopique palpitant fait la joie des couples qui s'y attendent. Si c'est la première fois, la femme est submergée par des sentiments si énormes et si complexes qu'elle ne peut décrire. Ce ne sont pas uniquement les émotions de joie et de surprise qui l'habitent maintenant, c'est le summum du plaisir et de la fierté. Concevoir un être, désirer se reproduire, avoir une descendance, s'éterniser par une partie de soi sont autant de pensées qui traversent l'esprit de la femme enceinte. Elle donne la vie...Elle est devenue, elle même, créatrice et donneuse de vie.

Mais, songez un moment à ce que peut ressentir une femme quand elle découvre qu'elle aura un bébé à la suite d'un viol. Elle n'aura certainement pas les mêmes pensées. C'est un cauchemar! C'est une situation cataclysmique! Que faire? C'est la question qui taraude son esprit pour le moment. Cet enfant, elle n'en veut pas. Elle n'a pas pensé auparavant à le concevoir. Si elle décide de le garder, il ou elle lui rappellera pour toujours le traumatisme qu'elle a vécu. L'enfant, lui-même ne connaîtra jamais son père car aucun des cinq gayards qui l'avaient violée ne fut interpelé par les forces de l'ordre.

Supposons qu'ils avaient été arrêtés, aucun d'entre eux n'accepterait d'être le père d'un tel enfant. D'ailleurs aucun d'entre eux ne mérite d'avoir une descendance. Voilà un être humain dont personne n'en veut avant même sa naissance. Voilà une femme qui se retrouve une seconde fois violée. On l'a violé à plusieurs et on est encore plus nombreux à violer son droit de s'en débarrasser et de tourner cette page sordide de sa misérable existence.

L'avortement est un droit dont la femme doit se prévaloir en ce genre de situation, mais elle en est privée. Elle sera accusée d'être meurtrière par bon nombre d'individus : dans notre société, plus de 90 pour cent sont contre l'avortement pour des raisons culturelles, religieuses ou autres qu'elle qu'en soit les motifs de ce choix, sans doute amère, mais salvateur pour une jeune ou moins jeune femme...
Il peut s'agir d'une femme mariée qui enfantera quelques mois plus tard un enfant qui portera le nom du mari malgré tout même si celui-ci était absent durant plusieurs mois.

Une calamité que certains accepteraient, mais qui n'accepteraient jamais que la femme décide autrement. Que Dieu nous préserve et vous préserve de toute pareille situation. Une situation où le métier de femme prend tout son sens et dans un monde où l'homme seul gouverne et décide pour lui pour elle qu'elle soit sienne ou non...
A suivre...

lundi 9 septembre 2019

Le métier de femme (Acte V)

Qu'elle soit coquette, allumeuse ou à la candeur repoussante, elle sera traquée, gênée non pas seulement par des sifflements comme on en faisait jadis et qui flattaient visiblement l'orgueil de toute femme, mais bien par des discours où l'obscène se mélange à l'obscur. Elle est poursuivie, pourchassée, interpellée, touchée...on dirait une gazelle qui vient de passer devant des félins affamés. C'est une proie à ne pas rater! Il faut au moins la gêner, la châtier d'être une femme.

Le harcèlement touche les femmes de tout bord, de tout âge qu'elles soient écolières, mariées, divorcées ou veuves. Parfois, le mot "gazelle" est rappelé à la passante. Loin de vouloir dire à celle-ci combien elle est élégante, cette comparaison n'est faite que pour rappeler à la femme qu'elle est une créature faible dépourvue de griffes. Les griffes et les canines sont l'apanage de ceux qui traquent, ces chasseurs toujours aux aguets. A les voir, on dirait des personnes sans armes. En vérité chacun porte en permanence une arme camouflée...

Ces jeunes harceleurs  sont en fait des apprentis violeurs. Ils ne tarderont à user de leur arme contre une fillette, une jeune femme ou une femme d'un âge plus avancé. Tout comme le harcèlement, le viol est une expérience surtout féminine. Elle ne devient masculine que lorsqu'il n'y a pas ou presque pas de femme. Dans les prisons, par exemple. Seulement, les conséquences de cet acte sordide sont énormes au point d'être désastreuses et incalculables, voire inqualifiables.

Comment peut-on décrire cet acte et ses conséquences souvent insurmontables? C'est un traumatisme! Au delà de toute blessure physique, les séquelles d'un tel drame font partie des expériences extrêmes sur le plan psychologique.

Une femme violée se retrouve coupable...coupable d'être au mauvais endroit et au mauvais moment...coupable d'avoir été choisie par un violeur cruel...coupable d'être une gazelle au lieu d'être un tigre...coupable de ne pas avoir su se défendre...coupable d'être une femme au lieu d'être un homme. 
Quoi de plus mesquin que de renier son identité sexuelle à cause d'un acte sexuel?

Le métier de femme (Acte IV)

Elle domine le monde celle-là ! Elle est plus forte que ses congénères qu'ils soient des hommes ou des femmes. Elle a ce don de prédire l'avenir, de vous dire ce qui va et ce qui ne va plus dans votre couple, dans votre vie personnelle ou professionnelle. C'est une voyante. Elle peut vous faire part de ses craintes, décrire avec précision vos envies et vos désirs les plus secrets. Elle peut voir dans les yeux de ses visiteurs la tristesse, l'inquiétude, le désarroi et l'impuissance. Elle a vocation de femme dominante dans la sphère qui est la sienne. 

Pourtant, cette femme n'exerce ce métier que depuis une dizaine d'années. Après le décès de son mari, "magicien" de profession, elle était contrainte de chercher une source de revenus. Mais en 25 ans de mariage, elle n'avait appris que les tours de son défunt mari. Elle ne maîtrisait rien d'autre que les activités d'une diseuse de bonaventure. Elle a commencé. Cela a marché à merveille. 

Ses jeunes filles, expertes en réseaux sociaux collectent facilement pour elle sur le net toutes les données sur les clientes et les clients. Cette clientèle connectée facilite la tâche. Sur Insta, sur le face, le client a déjà tout dévoilé : ses désirs, ses réussites, ses craintes et ses faiblesses. C'est une bénédiction, le net!

Heureusement, son mari n'était ni pilote, ni astronaute. Il n'était pas non plus ni juge, ni avocat. Mais il savait juger, défendre et prendre les cieux pour le faire: vivre et faire survivre les siens. Cela a suffi à faire d'elle ce qu'elle était devenue: une personne qui ne sait rien, mais qui maîtrise tout. 

Elle contrôle sa clientèle, la tient en haleine exactement comme chaque client désire au fond de lui. Car quand tout vous échappe, vous aurez besoin que l'on contrôle pour vous le monde qui vous entoure. Elle force le respect de tous. Même les plus sceptiques la croient dotée de pouvoirs surnaturels. C'est vrai. Elle a un pouvoir surnaturel, celui de pouvoir subvenir aux besoins de sa famille malgré tout. Oui, malgré tout...
A suivre ...


dimanche 1 septembre 2019

La profession de femme (Acte III)

Certaines femmes méritent des statues. Ces femmes que je rencontrais au bord du train reliant Marrakech à Tanger sont à applaudir. Elles ne pèsent chacune que quelque cinquante kilogrammes au départ, mais plus de cent au retour. Pour échapper aux agents de la douane, elles enfilent une trentaine, sinon une centaine de pyjamas, se coiffent d'une multitude de foulards. Elles grossissent pour la bonne cause: le pain quotidien.

On doit les admirer ces femmes aussi que l'on nomme les mulets. Pour moi, les mulets sont leurs maris incapables d'un tel exploit : défier les autorités, le mauvais temps, les intempéries tout en portant une centaine de kilos leur courbant le dos pour quelques sous. Ces femmes remplacent les hommes, dépassent les hommes...

Tout au long du trajet reliant les villes du Sud à celles du Nord, elles racontent leurs aventures et surtout leurs mésaventures conjugales. L'une d'elles avait découvert que son mari la trompait, l'a même pris la main dans le sac. Elle a vite compris qu'il attendait juste qu'elle prenne le chemin de la gare pour que sa convive vienne la remplacer.

Elle raconte aussi comment, par perspicacité, elle avait dû pardonner un acte aussi sordide pour protéger son foyer. Les autres étaient toutes d'accord et se félicitaient qu'une des leur puisse mettre tout le mal au second plan pour que la routine ne soit perturbée par un acte d'une lâcheté et d'un cynisme extrêmes.

Ces hommes ingrats sont des chats, voire des rats, avec qui il faudrait continuer à coexister même s'ils salissent le foyer, disent-elles. Ces femmes et bien d'autres sont admirables. Elles sont si rationnelles qu'on dirait des hommes, si fières d'avoir pardonné qu'on dirait des déesses. Prendre leur mal en patience est leur devise. Eles sont de vraies femmes ces Marocaines oubliées...  
À suivre...

vendredi 30 août 2019

La profession de femme (Acte II)

La femme est une femme. Qu'elle soit célibataire, mariée, divorcée, veuve, elle est une femme. L'homme, lui, peut être un mari ou un homme tout simplement. Un mari ne peut être célibataire, ni divorcé, ni veuf, mais il est toujours un homme.

Pour des centaines de millions de femmes, être femme c'est être une épouse. Le sentiment de complétude n'est ressenti que le jour du mariage. C'est cette association qui lui permet enfin de confirmer sa féminité à elle même et aux autres...Elle a été élue par un homme, son mari. Peu importe ensuite que cet homme soit Charles Bovary au lieu du prince charmant. Peu importe qu'il soit incapable de subvenir aux besoins de la famille. L'essentiel c'est d'avoir enfin cet homme, cette clé qui n'ouvrira peut être jamais la serrure, mais donnera l'impression de pouvoir le faire.

La femme de ménage ou la femme de chambre, en devenant épouse, devient femme au foyer. En tant que telle, elle fera le linge, le ménage et la salle des opérations reproductives. Elle prend soin de son foyer et assurera sa pérennité en étant femme dans son propre foyer et, parfois, dans les foyers de femmes contraintes de quitter le leur pour des raisons professionnelles ou personnelles.

La femme est un être surnaturel. C'est en elle que se construise l'espèce humaine. Un ventre gonflé est une vision banale, très banale quand il s'agit de celui d'un homme (politique) par exemple, mais cela est un miracle métaphysique, magique, surnaturel quand il s'agit d'une femme qui porte un bébé.

Etre enceinte est une chose extraordinaire. Un autre être vivant est en train de se former à l'intérieur même d'un autre être vivant.  Les mammifères ont ce privilège : la création ne se passe pas à l'extérieur, mais bien à l'intérieur. Et l'homme, contrairement à la femme, sera toujours étranger à cette sensation exclusive des femmes.

Bien souvent, les femmes préfèrent garder leur bébé coûte que coûte ! quitte à vivre en tant que mère célibataire...Un exploit, n'est-ce pas ? 
À suivre...


Profession de femme (Acte I)

Elle ne boit pas, ne fume pas et ne passe pas une minute de son temps au café du quartier, ni pour le café, ni pour "mater" les fesses et les silhouettes des passants. Elle est plutôt là, toujours présente, toujours en attente, souvent mécontente d'elle-même et de ce qui l'entoure. Elle aime se plaindre des voisins, du temps, de la vie, de la qualité de l'air, des enfants et du mari. Elle est chargée de la gestion des comptes du ménage. Elle a également la mission d'éducatrice. Elle joue aussi le rôle de médiation entre les enfants et le chef de famille.

Tout passe par elle, qu'il s'agisse de requête ou de doléance. Elle aime son mari et ses enfants, mais ses déclarations de haine envers ceux-ci sont plus nombreuses et plus ardentes que les douces confessions d'amour. L'affection est sans doute plus exprimée et plus explicite pour les enfants, mais c'est toujours en comparaison à un homme rugueux qui sait cacher ses impressions et occulte le moindre sentiment.

Ses lamentations sont tellement nombreuses et répétitives que l'on croit qu'elle ne sera jamais satisfaite. Mais, elle déborde de bonheur lorsqu'on s'y attend le moins. Des fois, le mari croit qu'elle est devenue folle, qu'elle a perdu les pédales à force d'être trop violente, et puis une seconde plus tard, plus tendre que jamais. Ses sautes d'humeur la définissent avec le temps.

Son instabilité comportementale est souvent attribuée à des perturbations hormonales. Des hormones font naître en elle le désir de domination, la volonté de puissance comme ils font d'elle un être fragile dont les larmes peuvent jaillir à n'importe quel moment pour effacer du maquillage qu'elle a mis beaucoup de temps et de cœur à mettre pour plaire. Oui plaire tout court. Narcissique par excellence, elle plaira d'abord à elle-même. Pourtant, comme elle est difficile à satisfaire, elle n'est jamais pleinement contente d'elle-même.

Sa beauté naturelle, elle n'en croit guère. Elle est elle même lorsqu'elle est désirée de manière franche et claire. Les détours, bien qu'elle en use tout le temps, ne sont pas les bienvenus quand on l'aborde. C'est une femme. C'est la femme...
À suivre...

jeudi 29 août 2019

La profession de mari (Acte V)

Il a eu cet enfant. Il  a enfanté un second. Et puis, plus rien. Rien ne se profile à l'horizon. Ni nouveau-né, ni nouvelle chose ne vient plus gêner sa quiétude de mari et père. Il a su orchestrer ce coup de maître : un fils et une fille en 3 années de mariage. Il est comblé. Puis, rien ne vient plus, ni les enfants, ni le rizq censé les accompagner. Les comptes sont à sec! Les enfants sont maintenant à l'école. Bien sûr au privé. Qui voudrait encore de l'école publique? Il aurait bien voulu ne rien payer, mais bon tout le monde maintenant opte pour le privé. Lui et madame se sont mis d'accord: leurs enfants iront à l'école des "Génies", la meilleure et la plus chère de la ville. Mieux côtée, c'est vrai, mais à la performance hasardeuse. Ce sont quelques élèves d'exception qui font sa réputation en obtenant les meilleurs résultats. Comme l'école, notre ami se cache derrière ce statut de mari. Les résultats sont là : un foyer, une femme, deux enfants. Les temps sont durs, mais il y a  eu du changement. Internet permet de renflouer les caisses...Depuis quelque temps, il s'est lancé sur Avito. Il publie tout type d'annonces (voitures d'occasions, accessoires, produits cosmétiques, téléphones et tablettes, apparts, locations de vacances...). Il est devenu un agent d'affaires virtuel car en réalité il ne possède rien de tout cela et n'a pas reçu la moindre demande d'un éventuel vendeur, mais publie tout de même ces annonces et attend qu'un éventuel acheteur le contacte pour débuter la chasse aux affaires. Plus tard, il créa une chaîne Youtube. Il se voulait maintenant maître de l'art de faire des affaires. Il apprend vite le putaclic (gros titres accrocheurs). Il raconte à qui veut écouter comment réussir à gérer les affaires, comment gérer une famille. Mais en étant Youtubeur, il eut moins de réussite jusqu'au jour où il décida de mettre sa femme à contribution. Il commença par la filmer en train de préparer la "chabbakia", puis le couscous, le tagine et autres trucs avant de décider qu'il valait la peine de faire de la téléréalité. Le quotidien de la famille est passé sous la caméra du lever au coucher du soleil. Il s'arrête là. Il a de la fierté lui. Il ne peut pas faire comme ceux qui filment même les scènes sous la couette pour les vendre directement aux sites spécialisés dans la pornographie. Il ne filme pas non plus ses crises de nerfs quotidiennes, ni les insultes qu'il lance à sa femme et à ses enfants. Dommage ! Tout ça aurait pu bien faire le buzz car bien d'autres maris et bien d'autres femmes aimeraient voir les scènes qui reflètent fidèlement leur quotidien.  Les enfants aussi. Ils ne veulent pas être les seuls qualifiés de "nuls" et pire encore de "ratés" ou de "transsexuels". C'est une vie où les actes obscènes et cyniques sont monnaie courante...Quelle vie! Quel peuple! 

mercredi 28 août 2019

La profession de mari (Acte IV)

Le mari est géniteur par définition. C'est une une mission à laquelle il ne peut échapper. Avoir une descendance est l'une de ses principales fonctions. C'est une source de fierté, une confirmation de sa virilité, une preuve qu'il est un homme. Partant, quelles que soient les conditions, il est impératif d'avoir des enfants. Que l'on soit riche ou franchement fauché, il est primordial, voire vital de faire un bébé. Pas besoin de planifier car, dit-on, à chaque nouveau-né le "rizq" (moyens de subsistance) est garanti. Aucune excuse n'est alors recevable. Il faut faire des bébés aussi souvent que possible, avec ou sans amour, avec ou sans moyens, avec la même épouse ou avec une autre...le géniteur se doit d'être un donneur de semences infaillible. Autrement, il est considéré comme incomplet, incompétent,  et  surtout impotent. Faire un bébé ne suffit pas. Il faut que ce bébé soit de sexe masculin. Il faut que le géniteur perpétue la tradition en faisant enfanter au moins un autre géniteur, sinon c'est un échec flagrant et inacceptable...Il faut qu'il y ait un i grec (y) dans l'équation. Un double x est une équation génétique à double inconnu. 
À suivre...

mardi 27 août 2019

La profession de mari (Acte III)

Être mari est pour lui un aboutissement. Il est devenu un homme à part entière. Il est comblé d'être enfin marié. Il devient vite un personnage d'un autre bord, impitoyable et arrogant. Il est maintenant chef de sa propre entreprise. Il a sa propre "servante". Elle devra désormais s'occuper de lui, de son linge, de le nourrir et de le chérir jusqu'à ce que "la mort les sépare". Elle est enfin là à la portée, pour toujours, tous les jours...Elle est là celle qu'il chérissait tant. Elle est finalement devenue sienne. C'est un trophée qu'il ne tardera pas à s'en ennuyer. Il oublie tous les efforts qu'il a déployé pour la conquérir...il oublie tout...tous les mots qu'il peinait à trouver pour qu'elle soit contente de lui...Il oublie toute la souffrance qu'il endurait quand elle était mécontente. Elle était là, conquise, enfin dans la cage...Et lui, il était là régnant en chef suprême faute de l'être ailleurs. Ses compagnons lui racontent qu'il faut qu'il soit moins tendre, sinon plus cruel avec "Madame". Il ne faut pas se laisser faire, il faut prendre le dessus et qu'il est impératif que "le chat soit tué dès le premier jour". 
Il faut être injuste envers sa partenaire. C'est important, disent-ils. Lui, qui vient de se marier, ne veut pas être de ce peuple que la "Houkouma" gouverne. Il s'emploie à faire autant de mal à cette femme qu'il chérissait sous prétexte que c'est le meilleur moyen de dompter une lionne fraîchement capturée. Une lionne ne mérite pas qu'il lui dise de belles paroles, mais de hisser son fouet ça et là en la menaçant...A défaut de fouet, il parle, comme le faisait son père, de l'éventuel usage de sa ceinture comme arme contre celle que jadis il aimait tendrement. C'est par amour, explique-t-il, qu'il prévoit de frapper cet être bien plus fragile  pour supporter d'être grondé. Il ne fait qu'obéir aux préceptes de l'Islam, dit-il, pour justifier sa cruauté. Résignée, la femme encaisse, subit et parfois se montre fière qu'elle soit battue parce que c'est ainsi qu'agissent les maîtres envers leurs esclaves...
À suivre...

La profession de mari (suite)

Il y a de cela une vingtaine d'années, un professeur s'est présenté à ses étudiants en disant : "Je m'appelle (ses nom et prénom) et je suis très marié".
Un éclat de rire de quelque centaine d'étudiants a rempli la salle de classe.
Très marié, a-t-il dit. C'est comme s'il était possible d'être marié, mais à un degré moindre. Mais, après mûre réflexion, il avait raison de se dire très marié car, après tout, beaucoup d'hommes sont moins mariés. Ils ont gardé toute la splendeur et toutes les habitudes d'un pur célibataire. Rien n'a changé après leur mariage, ni leur train de vie, ni leurs penchants de personnages vivant individuellement et au gré du moment.
Le statut de mari, si facile à obtenir, n'était rien d'autre qu'une appellation dépourvue de sens. Ce sont des individus libérés de tout le poids des responsabilités d'un mari, d'un chef de famille, d'un père. Ils traitent leurs femmes comme s'il s'agissait de l'une de celles qui vendent leurs corps pour des sous quel qu'en soit le nombre.
Celles qu'ils laissent au "foyer" ne remplissent qu'une fonction:  un objet sexuel, un produit charnel que l'on consomme sans ménagement et envers qui aucune contrepartie n'est prévue. Au moins les "p...s" reçoivent de l'argent. Pour celles-ci il s'agit d'une activité génératrice de revenus, contrairement aux  femmes contraintes de se plier aux désirs de leurs "maris" sans rien attendre en retour.
C'est honteux qu'elles demandent, mais c'est encore plus honteux pour ceux qui les tiennent en laisse d'agir ainsi...
À suivre...

samedi 24 août 2019

La profession de mari

Aujourd'hui, les vendeurs de poulet, s'activent, reprennent leurs activités plus rapidement que prévu. La demande est croissante. Ce n'est pas l'Aïd El Kébir qui dicte sa loi, mais plutôt les cérémonies de mariage qui battent leur plein en cette saison estivale.

Se marier... ça semble plutôt courant, très courant, trop courant...Fonder une famille est sans doute une entreprise courante ne nécessitant a priori pas de démarches administratives compliquées. Or il s'agit d'une entreprise d'une importance capitale. Le mariage nécessite beaucoup de préparatifs, mais les mariés sont souvent moins préparés aux exigences de la vie à deux, et encore moins à la vie à trois ou à plusieurs quelques mois ou années plus tard.

Les pré-requis sont exigés partout, mais pas pour le mariage. Il n'y a pas de condition, ni de critère particuliers pour devenir mari. Pourtant, c'est une profession à part entière. Devenir chef de famille implique d'énormes responsabilités, mais on le devient de facto. C'est comme si le statut et le  titre de mari peut être attribué à quiconque. Pourtant gérer une famille n'est en rien une mince affaire. C'est le métier le plus éprouvant et le plus exigeant qu'il y a sur terre. 

Il ne suffit pas d'être un homme pour être un mari et encore moins un père tout comme il ne suffit pas d'être une femme pour être une mère. Dans un pays où certaines filles, à peine pubères, sont poussées au mariage, il est évident que l'on y croit  : chacun et chacune peut fonder une famille.

Quand, au bout de quelques semaines, mois ou années l'échec est annoncé,  on se rejette souvent la responsabilité en ayant en tête que cela aurait dû marcher et que les mariés, ou l'un d'entre eux, a manqué de patience...
A suivre...

lundi 22 juillet 2019

Boycott et Conseil de la concurrence


Avant même la fin de l’année critique de 2018, le Maroc et les Marocains semblent avoir tourné la page. A l’approche de 2019, le boycott semble avoir disparu, volatilisé tout subitement comme il a commencé. Cette disparition, cet arrêt du boycott semble à première vue inexplicable. Car même aux cafés, on ne sert plus du café avec de l’eau minérale provenant de la rive du Nord, tel que « Cazorla » et « Mondariz », ni des concurrents nationaux, tels que « Ain Ifrane » ou « Ain Soltane », mais bien une bouteille de « Sidi Ali ».
Les consommateurs ne se plaignent plus, n’échangent plus à propos de ce sujet sur les réseaux sociaux. Quelque chose a dû arrêté tout cela. En réalité, la disparition du boycott tient à plusieurs facteurs. D’abord, et contrairement à leur réaction de départ, deux entreprises sur trois ont reconnu publiquement leur défaite. Elles ont même détaillé l’ampleur des pertes consécutives au boycott. Quant à la troisième entreprise, elle a choisi non pas la presse, mais le contact direct et indirect avec les consommateurs les plus mécontents, à savoir les jeunes.
Afriquia Gaz a amélioré la qualité de ses services en essayant d’être plus à l’écoute de ses clients. Elle  A également affiché les tarifs les plus bas des carburants par rapport à ses concurrents. Dans les espaces Afriquia, les animations pour enfants font désormais partie du décor quotidien des aires de services sur le réseau des autoroutes du Maroc. Bien plus, au niveau médiatique, elle est présente à travers un spot publicitaire original diffusé avant et après les matchs de foot-ball.
Autant dire que les efforts pour se rattraper ont été nombreuses et variées. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour expliquer cet arrêt immédiat du boycott vers fin novembre 2018. Nous avons beau cherché un événement qui coïncide avec cette date et qui peut nous fournir cette explication dont nous avons besoin. Nous n’avons trouvé qu’un seul événement de nature politico-économique d’une grande pertinence par rapport au boycott. Il s’agit de la réactivation du Conseil de la Concurrence.
Cette instance constitutionnelle, restée inactive depuis 2013 jusqu’à novembre 2018, bien que son nouveau statut adopté depuis 2014 lui confère des attributions plus élargies en matière de régulation des marchés et de la protection du consommateur, en vertu même de loi 104.12 relative à la liberté des prix et de concurrence adoptée la même année (2014), a enfin été réactivée après la nomination par SM le Roi de son Président et de son Secrétaire général le 17 novembre 2018.
Nous pensons que cet événement est de taille à donner aux Marocains de l’espoir qu’à l’avenir leurs droits à une vie décente et moins chère ne seront plus bafoués. Car ce Conseil dispose désormais d’un pouvoir décisionnel et  peut même infliger des sanctions pécuniaires à l’encontre des entreprises qui prennent le consommateur en otage.
Le marché dispose désormais d’un « arbitre constitutionnel » qui peut intervenir au cas où mêmes les petites entreprises se trouvent menacées par des pratiques anticoncurrentielles qu’elles soient commises par des entreprises marocaines ou étrangères plus grandes. Il peut sortir ses cartons jaunes et rouges face à toute contravention puisque les sanctions  qu'il est à même d'infliger aux contrevenants peuvent atteindre 10% du chiffre d’affaires mondial ou national de l’entreprise concernée.
Beaucoup d’ennemis du Maroc et mêmes certains de ses soi-disant amis disent que tant que notre Roi est un homme d’affaires, il y aura toujours un conflit d’intérêt. Je crois que c’est au contraire une chance que notre souverain soit un entrepreneur si éclairé et qu’il a pu orienter le gouvernement à adopter et à mettre en œuvre des lois qui peuvent protéger le consommateur et inciter les entreprises à s’engager sur la voie d’un Maroc plus moderne et plus prospère en assumant leurs responsabilités, y compris la responsabilité sociétale.

Publié à l'occasion de la fête du trône 2019.

Le boycott, une arme à double tranchants!


L’année 2018 est celle de tous les paradoxes au Maroc ! En effet, 2018 a connu l’une des malversations politiques et économiques les plus controversées avec l’affaire Saham et une sorte de complicité avec le ministre de l’économie et des finances qui font profiter à cet assureur, grâce à un amendement dans la loi de finances, la coquette somme de 360 millions de dirhams. c’est aussi l’année d’un chaos économique marquant une période charnière qui sépare ce qui la précède de ce que nous vivons actuellement. Etant témoin d’une conjoncture économique défavorable, cette année a vu naître une forte protestation. Loin du vacarme habituel des manifestations populaires dans les rues et espaces publics, ce mouvement silencieux a été une réponse implacable à une situation qui ne fait qu’empirer.

Attestant de la colère, autant des catégories défavorisées que de la classe moyenne qui ne faisait qu’augmenter depuis le lancement des premières mesures d’austérité dont la suppression de la subvention des prix des carburants, le boycott a fait l’effet d’un pavé jeté dans la marre. Ayant été sous-estimé au départ, ses conséquences tant sur le plan économique qu’au niveau politique ne se sont pas fait attendre.

Mais, au-delà de sa dimension purement socioéconomique, cette question a également des aspects politiques. C’est d’ailleurs de là d’où vient cette volonté qui ne se limite pas seulement à rendre compte d’un mouvement de protestation, mais d’en déterminer les causes les plus profondes, d’en cerner les différents aspects et d’en tirer les leçons.

Face à cette crise, ni l’anticipation, ni la gestion du risque n’ont été au rendez-vous. Trois grandes entreprises semblent avoir été piégées dans les filets d’un mouvement qui se nourrissait de facteurs aussi variés que complexes. Leurs réactions et celle du gouvernement face au boycott étaient pour le moins catastrophiques. Au lieu de tempérer et de calmer les esprits tourmentés par une série de mesures défavorables, ces réactions ont ajouté du feu à l’ardeur d’une sérieuse colère populaire. Les dégâts ont été énormes à plus d’une échelle.

En définitive, l’année 2018 a été l’année de la réaction du consommateur marocain. N’ayant d’autres moyens de protection de ses droits, il a songé à la vengeance économique : une solution qui a porté ses fruits, mais qui a sans doute causé des dommages collatéraux pour une économie déjà en crise.



Les marins de mon pays


Une ligne invisible semble séparer la mer et la terre. Elle sépare deux mondes qui se complètent, mais surtout qui s’opposent. L’espace marin a ses richesses, ses hommes et ses coutumes alors que l’espace terrestre dicte sa loi partout et surtout dans cette intervalle séparant les deux mondes. Lors de l’embarquement ou du débarquement, ce sont à la fois les lois de la nature et des hommes qui façonnent la vie des marins et celle de leurs soi-disant maîtres les armateurs.
Tout cela se cristallise dans cet espace frontalier que l’on nomme le port. C’est un monde à part où les espérances viennent se heurter à la dure réalité d’un métier qui peine à s’industrialiser, non pas faute de volonté politique, mais plutôt à force de faire prévaloir une logique bien ancrée dans les esprits des marins.
En ne voulant que la part pour récompense, ils nous rappellent les émigrants clandestins, animés par le désir de défier la frontière maritime pour débarquer dans un espace meilleur où, semble-t-il, certains droits élémentaires sont mieux protégés. Toutefois, les aléas climatiques, des mesures de plus en plus drastiques en matière de protection du patrimoine halieutique et de la biodiversité ont fini par anéantir tous les espoirs des marins. Comme les candidats à l’émigration clandestine, ils sont traqués à la fois en mer et en terre. Ils n’ont plus de place nulle part ailleurs.
Jadis respectés dans la société et affichant fièrement leur appartenance aux métiers de la mer, les marins de la pêche artisanale sont devenus aujourd’hui l’ombre de quelques personnages bien souvent marginaux dans la société. Ce qui est bien regrettable, car ce sont ces mêmes personnages qui alimentent à la sueur de leur front un secteur à fort potentiel et qui remplissent les poches des uns et des autres au terme d’une activité commerciale des plus florissantes dans notre pays. Bien plus, c’est un secteur qui n’a jamais connu de crise même durant les conjonctures mondiale et nationale les plus défavorables.
Nous étions interpellés par toutes ces vérités qui ne reflètent point la réalité des pêcheurs. Une réalité amère à bien des égards qui nous rappelle la réalité d’un autre type de travailleurs exerçant cette fois en terre une activité dont le chiffre d’affaires est astronomique, mais qui vivent pourtant dans la misère la plus totale. Il s’agit des agriculteurs de cannabis qui font la fortune des trafiquants de stupéfiants dans le monde entier, mais dont les conditions de vie sont à la fois très dures et compliquées, voire désespérées.
Comme ceux-ci, les marins servent du caviar aux plus nantis de la planète sans jamais avoir la moindre chance ni de goûter à ce plat, ni même de voir le fruit de leur récolte servi un jour. Quand et comment cette injustice serait-elle abolie ?
La réponse à cette question dépend de cette ligne qui sépare la mer et la terre. Elle doit être visible pour tous, en toute clarté, en toute transparence et en toute probité. Ce sont ces valeurs morales sublimes qui marieront la mer à la terre dans des noces organisées par les hommes de la terre pour les hommes de la mer afin de célébrer leur bravoure et leur faire prévaloir leurs droits légitimes à une vie plus décente.

jeudi 27 juin 2019

Jadis...oui jadis...

Jadis rien ne valait rien et une chose valait quelque chose. Jadis...oui jadis...Tout était bon, nous semblait maintenant bon. Jadis...c'était hier dont on ne se souvient pas, dont on ne s'en soucie plus...Jadis tout était possible, même l'impossible, pourquoi pas aujourd'hui???
Jadis, les pierres parlaient, racontaient de belles choses... Maintenant, les personnes parlent, parlent et ne racontent rien, ni sur la vie d'hier, ni sur la vie d'aujourd'hui. Rien n'est possible aujourd'hui parce que tout eut lieu jadis.
Quel beau mot «jadis»! Mais quelle merveille! Jadis, j'étais moi et tu étais toi, tu l'es encore ou tu étais jadis ce que tu ne peux être aujourd'hui?
Je pense que tu n'es pas ce que tu voulais être jadis.
Je suis Jadis...je m'appelle Jadis, que veux-tu que je fasses pour toi à part te rendre en tout temps heureux sans raison?
C'est ce que je veux. Jadis, je voulais le bonheur, rien plus que le bonheur...
Quel bonheur cherches-tu? Celui d'aujourd'hui ou de Jadis? Je veux vivre, c'est tout!
Ben, oui...le bonheur jadis diffère du bonheur du moment présent. Je ne saurai te dire quelle voie emprunter, ni quel sacrifice faire. Car bientôt, tout sacrifice ou choix actuel deviendra pour Jadis une décision anachronique...
Le temps nous joue ses tours du moment. Le moment venu, nous dirons que ces tours sont dépassés. Ils appartiennent à Jadis, mon frère, mon ami...Jadis...

dimanche 16 juin 2019

Géant, mais impuissant!


Géant, mais impuissant!  Indomptable, mais coincé... C'est l'histoire de cette cigogne retrouvée ici à Chellah paralysée de peur, atterrée, mais ne pouvant plus planer dans les airs. Rien et personne ne semble accorder d'intérêt à une situation aussi critique. C'est comme s'il s'agissait d'un personnage en phase terminale d'un cancer. On n'attend plus rien. On le regarde mourir. C'est tout. J'ai expliqué à ma fille qu'il s'agit d'une vieille cigogne qui ne peut plus atteindre les cieux. Elle ne peut même plus voler. C'est comme si elle était privée de ses ailes. Ce géant que personne ne pouvait approcher était là, coincé entre quatre murs d'une époque médiévale.
Ce n'était pas une jeune cigogne, sinon les parents auraient couru et hurlé à notre approche. Personne ne se souciait du sort de cette vieille cigogne auparavant perchée sur les endroits les plus élevés (minarets et autres...). Ce géant des cieux n'a plus sa place dans aucun des sept cieux. Il ne joue plus dans la cour des grands. Il est là à espérer retrouver sa vigueur d'antan avant qu'un prédateur sans scrupules vienne l'achever. Malheureusement pour lui, c'est ainsi que sera faite la fin. C'est de cette manière que se terminera son calvaire. Quelle fin pour un maître des cieux!
Il aurait aimé qu'une balle imprévisible le frappe en plein vol. Au moins, il n'aurait pas été contraint à méditer longuement sur son sort, sans doute si scellé qu'il n'en doutait plus. Accepte-t-il ce sort? Est-il un mâle ou une femelle? Je n'en sais pas plus que vous. Ce que je sais, c'est que ce vaillant du ciel se trouve maintenant en bas, à terre. Lui, comme chacun de nous un jour, se retrouvera dans pareille position. Mais ce sera avec moins d'amertume que ceux qui n'ont jamais volé pourraient accepter leur position. Un ange déchu est sans doute un ennemi. Une cigogne déchue, détrônée, poussée en bas fait partie du règne animal et de la condition humaine aussi. Mais, contrairement aux humains, plus malins et qui trouvent une explication à tout, lui ne comprend sans doute pas ce qui lui arrive. Cela me rappelle un diplômé chômeur qui a été surpris que c'est lui qu'un gars en uniforme  matraquait si violemment qu'il avait perdu conscience. Cela me rappelle aussi le fameux poème «L'albatros» dans lequel Baudelaire se voit lui-même comme cet albatros malmené par les hommes d'équipage d'un navire, celui-là même qui n'était en mer que pour priver l'oiseau de sa subsistance.
J'ai sans doute trouvé du plaisir à être si près d'une créature si géante et si intouchable, mais j'ai éprouvé aussi de la compassion pour une créature que le temps a su rendre si impuissante!


vendredi 7 juin 2019

Avez-vous tout compris?

Pigé? C'est de cette façon qu'on a tous compris. Tout compris, sans comprendre. Mal comprendre et ne pas ou rien comprendre étaient devenus pareils!
Il y a peu nous avons eu à écouter un des nôtres répéter en arabe dialectal à chaque fin de phrase :   فهمتيني ولا لا
(Pigé?)
Vous l'avez déjà deviné chers lecteurs.
Un sacré personnage, un monsieur populaire, très populaire dont les décisions impopulaires en ont fait un homme détesté par les uns, mais aimé par les autres. Jamais les Marocains n'étaient si divisés au sujet de ceux qui les gouvernent. D'habitude, ils sont tous contre ou tous pour à 100 ou du moins à 99,9%.
 Certains ont voté pour la justice et le développement en tant que valeurs, d'autre ont voté pour le slogan et apprécié l'homme qui répond à leurs attentes non pas en prenant des décisions décisives qui amélioreraient leur quotidien ou leur avenir, mais parce qu'il parlait leur langue : la darija. Presque la moitié du pays est illettrée, plus de la moitié ne désirait rien d'autre que comprendre. Or, comprendre la politique est déjà un casse-tête pour ceux «qui savent». Voici un homme, comme la majorité des Marocains, qui veut nous faire comprendre, dans la confusion la plus totale, qu'il n'y est pour rien, tout en défendant ses bêtises, ses crimes pour certains, commis contre les siens. Un homme chéri parfois même par les victimes de ses décisions.
Un homme banni par les siens, par son propre parti politique...mais qui se plaît à lutter, à se défendre et à croire qu'il est compris, qu'il sera toujours compris. Toutefois, personne ne peut comprendre...même si l'on colporte ici et là qu'il n'était qu'une marionnette et que son show, drôlement déplaisant, était l'oeuvre de quelqu'un d'autre. C'est bizarre! Trop bizarre! Mais, c'est réel. Certaines contradictions dans ses décisions les moins importantes peuvent même presque faire croire que les revirements étaient dus à cet autre ou autres qu'on accuse. Mais, il n'en est rien. Son incohérence n'a d'autre explication compréhensible qu'il ne fait que tâtonner, qu'il ne tient aucune promesse comme tout autre politicien. En tout cas, en ce qui me concerne, j'ai exigé personnellement et par écrit une intervention de sa part concernant une affaire sur laquelle il venait de se prononcer par écrit. Il n'a rien fait, ni même répondu à ma requête. C'est comme s'il faisait semblant de prendre des décisions en votre faveur...Vous allez dire : Il ne peut donner suite à une doléance d'un seul citoyen, mais a-t-il répondu aux autres doléances, ou au moins a-t-il pris en considération celles de la moitié des Marocains? Pigé?